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Japon: la pilule du lendemain enfin en vente libre, mais avec l’obligation d’être prise devant un pharmacien

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Le Japon met en vente libre la première pilule contraceptive du lendemain. Son fabricant Aska Pharmaceutical dit avoir obtenu « l’autorisation de fabrication et de commercialisation » après huit ans de discussions avec le ministère de la Santé. La pilule du lendemain est déjà disponible dans plus de 90 pays. Sa mise en vente libre est-elle vraiment libre ou fait-elle encore l’objet de restrictions dans une société japonaise encore très conservatrice ?

Pilule du lendemain.
Pilule du lendemain. Ute Grabowsky/Photothek via Getty Images
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De notre correspondant à Tokyo,

Il n’y aura aucune restriction d’âge et aucune obligation de consentement parental pour les mineures, assure le journal Mainichi. Toutefois, la pilule sera étiquetée comme « médicament nécessitant des conseils ». En clair, les femmes devront la prendre en présence d’un pharmacien. Ça pose un problème : la pilule peut empêcher une grossesse si elle est prise dans les 72 heures après un rapport sexuel. Son efficacité diminue ensuite. Mais la plupart des pharmacies japonaises sont fermées le week-end. La pilule coutera l’équivalent de 40 à 51 euros.

Jusqu’ici, la pilule du lendemain n’était délivrée que sur ordonnance médicale

Cette impossibilité d’obtenir la pilule du lendemain sans l’accord d’un médecin décourageait de nombreuses femmes de se la procurer, notamment les victimes de viol ou les adolescentes. Pour des raisons pratiques aussi : les cabinets de médecin le soir ou le week-end sont le plus souvent fermés.

Il y a deux ans, le ministère japonais de la Santé avait mis en vente libre, à titre expérimental, des pilules contraceptives du lendemain. Un sondage indiquait que 97% des personnes interrogées se prononçaient en faveur de cette mesure. Les femmes souhaitant obtenir ce moyen de contraception devaient présenter une pièce d’identité et ingérer le médicament devant un médecin. L’âge minimum était fixé à 16 ans et les moins de 18 ans devaient être accompagnées d’un parent ou d’un tuteur.

Des critiques contre la restriction de l’accès aux contraceptifs d’urgence

Les associations notent que dans le monde médical japonais, il y a une forte tendance paternaliste. Les médecins veulent garder les femmes sous leur contrôle. Car elles pourraient abuser de leurs droits reproductifs. En 2021, sur l’égalité hommes-femmes, le Japon était classé 120 sur 156 pays dans un rapport du Forum économique mondial.

La pilule contraceptive n’a été approuvée au Japon qu’en 1999. Elle n’est prise que par 3% des femmes en âge de procréer contre environ un tiers en France. L’avortement, lui, est légal depuis 1948 et possible jusqu’à 22 semaines. La pilule du lendemain au Japon reste le seul médicament qui doit être pris devant un pharmacien.

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