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Les habitants des îles Tuvalu se voient offrir l’asile climatique, mais à quel prix?

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Grâce à un tout premier accord au monde conclu sur la mobilité climatique en novembre dernier, l’Australie offre d’accueillir les habitants des îles Tuvalu, territoires menacés par la montée des eaux. Un asile climatique aux citoyens des Tuvalu, offrant des droits spéciaux pour s’y installer et y travailler : qu’est-ce que cela implique vraiment ? 

Simon Kofe, ministre des Affaires étrangères de l’archipel des Tuvalu, fait un discours avec de l'eau jusqu'aux genoux pour symboliser la montée des eaux due au changement climatique en marge de la COP26, à Funafuti, Tuvalu, le 5 novembre 2021.
Simon Kofe, ministre des Affaires étrangères de l’archipel des Tuvalu, fait un discours avec de l'eau jusqu'aux genoux pour symboliser la montée des eaux due au changement climatique en marge de la COP26, à Funafuti, Tuvalu, le 5 novembre 2021. via REUTERS - Tuvalu Foreign Ministry
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Dans le Pacifique, des centaines de micro-îles sont menacées de submersion, à cause de la montée du niveau des eaux. Selon une étude de la NASA, le niveau de la mer autour des Tuvalu a augmenté de près de 10 centimètres au cours des 30 dernières années, et devrait à nouveau s'élever de 10 centimètres ou plus d'ici à 2050.

Les Tuvalu ont déjà pris les devants pour se préparer à ce qui semble inévitable, en modifiant leur Constitution en octobre afin d'indiquer que la nation conservera son statut d'État et ses zones maritimes, ce qui signifie qu'elle continuera à affirmer sa souveraineté, même si elle n'a plus de terres.

Cette initiative fait suite à un projet audacieux visant à devenir la première nation numérique du monde. L'année dernière, le gouvernement a annoncé un plan visant à créer un clone de lui-même dans le métavers, en préservant son histoire et sa culture en ligne afin que les gens puissent – grâce à la réalité virtuelle – visiter les îles longtemps après qu'elles ont été englouties par les eaux.

Des réactions mitigées

D’un côté, c’est une solution à un problème, c’est incontestable : déménager pour survivre est une possibilité. Mais d’un autre, le traité n'exige pas de l'Australie, l'un des plus grands exportateurs de combustibles fossiles au monde, qu'elle prenne davantage de mesures pour lutter contre le réchauffement de la planète, qui est à l'origine des difficultés des Tuvalu. 

Le chef de l’opposition des Tuvalu résume la situation : « Si l'Australie souhaite offrir une voie humanitaire aux Tuvaluans, le meilleur moyen d'y parvenir est de réduire ses émissions, de cesser d'ouvrir des mines de charbon et d'arrêter d'exporter du charbon. »

Car même si déménager est possible, cela ne change rien au fait que l’eau continue de monter partout dans le Pacifique.

Les motivations du gouvernement australien 

Les Tuvalu ont conclu un accord avec l'Australie qui permettrait à 280 personnes par an de s'y installer. À ce rythme, il faudrait 40 ans pour que les 11 000 habitants actuels des Tuvalu quittent l'archipel.

Sauf qu’il y a d’autres motivations. Le gouvernement australien dispose à présent d’une sorte de droit de veto lorsque les Tuvalu voudront passer un accord de sécurité ou de défense avec un autre pays.

Cette clause est largement considérée comme un effort pour exclure la Chine. Pékin inquiète l’Occident par sa présence croissante dans le Pacifique Sud, en particulier dans les Îles Salomon, où elle a obtenu une reconnaissance diplomatique en 2019 et a conclu un accord de sécurité l'année dernière.

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