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Tensions politiques accrues en Corée du Sud

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La Corée du Sud a été secouée par l’agression au couteau du chef de l’opposition, Lee Jae-myung, ce mardi 2 janvier, quatre mois avant les élections législatives. Opéré, il serait hors de danger. L’auteur de l’attaque n’était pas connu des services de police. Comment expliquer un geste d’une telle violence ?

Le chef du parti de l'opposition Lee Jae-myung arrive à l'hôpital après avoir été poignardé lors d'une visite à Busan, en Corée du Sud, le 2 janvier 2024.
Le chef du parti de l'opposition Lee Jae-myung arrive à l'hôpital après avoir été poignardé lors d'une visite à Busan, en Corée du Sud, le 2 janvier 2024. © Reuters/Yonhap
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Il y a deux camps politiques principaux qui s’affrontent en Corée du Sud. Il y a eu une alternance au niveau de la présidence de la République et la victime de ce coup couteau. Lee Jae-myung était le protagoniste de la dernière élection présidentielle de 2022 où il a échoué à 47,8% des voix, alors que le président actuel a gagné avec 48,5% des voix. 

Ça s'est donc joué à très peu et la situation est tendue depuis ces dernières élections. Ce que l’on constate aujourd’hui, c'est une exaspération du camp conservateur. Peu d’informations sur l’assaillant ont filtré, mais il semblerait qu’il visait le symbole des progressistes qu’est Lee Jae-myung.

Violences contre les politiciens

C’est déjà arrivé à quelques reprises. Les Coréens sont très peu armés, ils n'utilisent pas d’armes à feu par exemple. Ainsi, l’ancienne présidente conservatrice Park Geun-hye a été attaquée au cutter en 2006 alors qu’elle participait à un meeting pour des élections locales. Elle était alors à la tête du conservateur Grand Parti national. 

L’ancien dirigeant du Parti démocrate Song Young-gil a lui reçu un coup de marteau en mars 2022, en pleine campagne présidentielle, de la part d’un youtubeur d’extrême gauche. Il exigeait l’annonce officielle de la fin de la guerre de Corée, suspendue après la signature d’un armistice.

Lee Jae-myung défend des valeurs plus sociales, la défense du féminisme, le dialogue avec la Corée du Nord, des solutions à la crise du logement ou bien le revenu universel, etc. C'est une vision de la Corée qui déplaît aux conservateurs de droite qui veulent maintenir la richesse des plus riches sans forcément la partager.

Clivage

Un coup dur pour l’opposition ? Au contraire, cela pourrait renforcer son statut. C'est-à-dire que la Corée du Sud, vu de l'extérieur bien sûr, est réputée pour son soft power, la k-pop, une influence mondiale, le commerce international etc. Mais en réalité, c'est aussi le pays où le taux de suicide est le plus élevé au monde. Il y a un désespoir local qui est très fort. Il existe une tension en Corée du Sud qu'on ne voit pas forcément au niveau international, mais qui est tout à fait profonde. Notamment un clivage générationnel entre les jeunes et les plus âgés. Et un clivage entre les hommes et les femmes qui ressort beaucoup également.

Selon les experts, ce geste va plutôt renforcer l'opposition autour de son leader attaqué. On parle de possibles manifestations, de mouvements importants à venir. Surtout en amont des élections législatives qui auront lieu dans quelques mois. Les enjeux sont très importants pour le scrutin du 10 avril et, selon les experts, les autorités doivent être prêtes à faire face à de nouvelles tensions, car la colère et la violence proviennent du fait que le peuple coréen pense que ses politiciens l'ont abandonné.

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