Chine: les enjeux de la réunion de la session annuelle parlementaire
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C'est le coup d'envoi de la réunion du Parlement chinois à Pékin, le grand rendez-vous politique annuel en Chine. Qu’attendre de ces deux sessions parlementaires annuelles ? Avec, pour commencer ce lundi 4 mars, l’ouverture de la Conférence consultative du peuple chinois.

De notre correspondant à Pékin,
Comme chaque année, les « lianghui » - les « deux sessions » parlementaires chinoises en français - auront un côté festival de Cannes ce lundi 4 mars, avec une montée des marches du Grand Palais du Peuple place Tiananmen sous le ciel bleu. Les photographes des médias officiels, les caméras vont enregistrer l’arrivée des 2 200 délégués de la Conférence consultative du peuple chinois (CCPPC) et surtout celle des personnalités de la société civile. On parle cette année de la romancière star Chi Zijian, ou encore pour le monde des affaires de Lei Jun, le patron de Xiaomi, de Dongsheng Li de TCL et de He Xiaopeng, fondateur de Xpeng Motors, une société de taxis volants mise en avant par la propagande ces dernières semaines.
Cette assemblée consultative, comme le dit son nom, accueille des personnalités non communistes et des « partis démocratiques » regroupés au sein du « front uni », une sorte de front populaire sous influence et contrôlé par le parti. Et puis demain mardi, rebelote : nous aurons la montée des marches cette fois de près de 3 000 délégués du Parti communiste (PCC) qui constitue l’Assemblée nationale populaire (ANP), celle qui vote les lois. Photos notamment des délégués à « grelots », les 15% de membre de l’ANP issus des minorités ethniques en habits traditionnels.
Chambre d’enregistrement
Au cours de cette période, les législateurs approuveront des nouvelles lois, des rapports d’activités politiques et des nominations. On attendait des noms sur un certain nombre de postes clé, sachant que 11 membres du comité permanent de l’Assemblée nationale – l’organe permanent du corps législatif – ont été démis de leurs fonctions cette année. Il y a notamment les anciens ministres des Affaires étrangères Qi Gang et à l’ancien ministre de la Défense Li Shang Fu.
Théoriquement, de nouveaux noms auraient pu sortir du chapeau pendant ces assemblées. Dans les couloirs du Palais du peuple, certains observateurs susurraient notamment le nom de Liu Jianchao par exemple pour le poste de ministres des Affaires étrangères. Mais selon l'ordre du jour finalisé par l'agence officielle Xinhua, l'Assemblée populaire nationale ne prendra aucune mesure personnelle lors de la session de cette année. Et puis il y a le travail législatif. L’Assemblée nationale est une chambre d’enregistrement qui entérine les propositions de lois et de décrets préparés en commission en amont. A priori, jamais une loi a été refusée. Le dernier blocage remonte à il y a trente ans au moment de l’examen du projet de barrage des trois gorges.
Croissance, budget de la défense et Taïwan
À quoi faut-il s’attendre dans une Chine marquée par le ralentissement de son économie ? On l’a entendu lors des questions des médias d’état pendant les conférences de presse, c’est d’abord sur le côté économique que sont attendus les délégués cette année. On suivra avec attention demain mardi, le discours du Premier ministre chinois Li Qiang. C’est dans ce rapport de travail que sont fixés les objectifs du gouvernement chinois pour les prochains mois. Il sera question probablement du chômage des jeunes, des dettes des gouvernements provinciaux et de la défiance des investisseurs, mais aussi du cap de la croissance qui devrait être fixé autour de 5% dans un contexte de crise immobilière, de ralentissement des exportations et donc de la production et de la consommation en berne.
Les deux sessions annuelles du Parlement chinois sont d’abord un évènement national, à des fins de politique intérieure. Mais la diplomatie chinoise sera abordée notamment lors du discours du ministre des Affaires étrangères, peut-être le 7 ou le 9 mars prochain. Il y a chaque fois une section du rapport de travail consacrée à Taïwan. On regardera ce qui est dit sur le budget de la défense et de la sécurité publique, sur la place de la Chine dans le monde, sur le rapport de Pékin avec les pays du « sud global ».
Mais selon la plupart des analystes, sur ces questions comme sur les questions économiques, il ne devrait pas y avoir de changement majeur. La stabilité restant l’objectif principal du parti. Et puis dernière chose, on a appris ce lundi matin que la traditionnelle conférence de presse de clôture des assemblées avait été supprimée cette année. Probablement suite aux déclarations du Premier ministre disparu Li Keqiang qui, à l’occasion de cette conférence de presse, avait mis en doute les statistiques officielles et parlé de 600 millions de Chinois vivant avec moins de 130 euros par mois. Les sessions cette année durent une semaine contre une dizaine de jours auparavant.
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