Au Pakistan, Malala Yousafzai critiquée pour son silence sur la guerre à Gaza
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Au Pakistan, Malala Yousafzai, Prix Nobel de la paix et défenseuse du droit à l’éducation pour les femmes, est sous le feu des critiques. Au cœur du scandale, le silence de la jeune femme lors de la première d'une comédie musicale sur les suffragettes qu'elle produit avec l’ex-secrétaire d’État américaine Hillary Clinton.
De notre correspondante à Islamabad,
C’est une comédie musicale qui est à l'origine des critiques contre Malala Yousafzai. Suffs est le nom de cette production qui se joue à Broadway aux États-Unis. Elle raconte le combat à la fin du XIXe siècle et au début du XXe des suffragettes aux États-Unis pour le droit de vote des femmes.
Et les productrices sont Hillary Clinton, l’ancienne secrétaire d’État américaine et Malala Yousafzai, 26 ans, grande défenseuse des droits des femmes, du droit à l’éducation et plus largement défenseuse des droits de l’homme.
En 2012, Malala Yousufzai a survécu à un attentat des talibans pakistanais. Alors âgée de 14 ans, des talibans pakistanais arrêtent le bus qui l’emmène à l’école à Mingora, sa ville natale située dans une vallée trouble à cette époque, localisée dans la province de Khyber Pakhtunkwa, frontalière de l’Afghanistan. L’un des assaillants lui tire dans la tête. Elle survivra et deviendra une icône internationale. Une icône du féminisme et de l’éducation au Pakistan où les talibans pakistanais interdisaient l’école aux jeunes filles dans les zones qu’ils contrôlaient.
Malala a suscité des réactions très mitigées dès le départ de sa « célébrité ». Les extrémistes religieux et les plus conservateurs l’ont toujours critiquée pour être ce qu’ils appellent un « agent des États-Unis », une pervertisseuse de la jeunesse pakistanaise, car selon eux, elle répand des idées, des valeurs occidentales. Malala Yousafzai n’est jamais revenue vivre au Pakistan, son pays où elle a toujours fait l’objet de menaces de mort.
Silence sur Gaza
Son silence sur la situation à Gaza lui a été reproché lorsqu’elle est apparue aux côtés d’Hillary Clinton qui est aussi productrice du spectacle à Broadway.
L’ancienne secrétaire d’État américaine est une défenseuse de la guerre contre le Hamas à Gaza. Et Malala Yousufzai a toujours défendu le peuple palestinien. Or lors de ses dernières apparitions aux côtés d’Hillary Clinton dans le cadre de la promotion de la comédie musicale, elle ne s’est pas exprimée sur le sujet.
Des voix féministes et des militants des droits de l'homme critiquent Malala au Pakistan, alors qu'ils l'ont toujours soutenue jusqu'ici. Il y a Mehr Tarar, Nida Kirmani et beaucoup d’autres. Ils ont partagé dans les colonnes de quotidiens nationaux, et sur les réseaux sociaux leur « profonde déception ». Ils parlent « d’un vrai coup à sa crédibilité comme défenseure des droits de la personne ».
Le Pakistan soutient les Palestiniens depuis le début de la guerre que mène Israël. C’est un sujet qui fait l’unanimité au Pakistan. Et ce silence de Malala est presque perçu comme une trahison.
Or, elle a toujours défendu le peuple palestinien et l’a rappelé sur les réseaux sociaux où elle s’est fendue de plusieurs messages sans équivoque : « Je veux qu'il n'y ait aucune confusion quant à mon soutien à la population de Gaza. [...] J'ai condamné et je continuerai à condamner le gouvernement israélien pour ses violations du droit international et ses crimes de guerre. »
Elle a également porté une petite broche rouge et noir pour la première représentation de Suffs, en signe de soutien au cessez-le-feu.
La polémique est retombée au Pakistan mais elle laisse un goût amer aux défenseurs des droits de l’homme.
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