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Afghanistan: le tourisme, la carte des talibans pour nouer des liens avec la communauté internationale

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« À la Une en Asie » vous emmène aujourd’hui en Afghanistan, État paria depuis le retour des talibans il y a près de trois ans. En quête de reconnaissance internationale, coupés du système financier global, les talibans misent aujourd’hui sur un secteur inattendu : le tourisme !

Une vue de l'aéroport international de Kaboul. (Image d'illustration)
Une vue de l'aéroport international de Kaboul. (Image d'illustration) © commons.wikimedia.org
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Depuis leur retour au pouvoir en Afghanistan, les talibans cherchent à nouer des liens avec la communauté internationale. Leur application ultra-rigoriste de la charia et les mesures liberticides envers les femmes, place le pays tout entier dans l’isolement quasi total.

Depuis la chute de Kaboul en août 2021, de nombreuses capitales ont coupé les ponts avec le nouveau pouvoir afghan. Aucun pays au monde ne le reconnaît à ce jour. Certains militent pour rétablir les relations diplomatiques, mais une poignée seulement continuent d’avoir une ambassade sur place : la Russie, la Turquie, le Japon, l’Inde, le Pakistan et la Chine, le seul pays à avoir nommé un ambassadeur mais qui ne reconnaît pas pour autant le gouvernement afghan.

Après leur retrait, les États-Unis, qui ont gelé les avoirs de la Banque centrale afghane, tentent de maintenir des canaux de communication ouverts, sans envisager un retour à Kaboul. Le gel des avoirs et les sanctions internationales rendent la vie des Afghans très difficile. Après des décennies de guerre, le pays est en ruine et la pauvreté a explosé.

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Intérêt croissant pour l’Afghanistan

Un paradoxe, car la destination est fortement déconseillée par les chancelleries occidentales qui mettent en garde contre l’insécurité, les risques d’attentats, d’enlèvements ou de détention arbitraire, mais surtout l’absence de service consulaire en cas de pépin.

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Pour dissuader les candidats, d’autres insistent sur les complexités administratives pour se déplacer entre les différentes provinces, les checkpoints, l’absence d’infrastructures touristiques et la rareté des sites culturels, détruits et pillés pendant les décennies de guerre.

Des arguments qui n’ont pas dissuadé les 7 000 touristes étrangers qui ont visité le pays en 2023, encouragés par un plus grand nombre de liaisons aériennes, notamment via Dubaï ou Istanbul.

Le nombre de visiteurs reste bien loin des près de 200 000 touristes occidentaux qui traversaient l’Afghanistan dans les années 1970, sur la route des hippies pour rejoindre Katmandou ou Goa. Aujourd’hui, les touristes qui viennent découvrir la beauté unique de l’Afghanistan et ses sites culturels et historiques exceptionnels sont principalement Chinois, Thaïlandais ou Japonais. Ils évitent le Pakistan en raison de l’insécurité croissante.

Réhabilitation des sites touristiques

Les talibans essaient de donner une meilleure image, plus fréquentable, ils font valoir par exemple le retour de la sécurité. C’est vrai, en partie, mais des attentats isolés de l’organisation de l'État islamique persistent. Or, certains blogueurs vont même jusqu’à dire que le pays n’a jamais été aussi sûr depuis l’invasion soviétique en 1979.

D’autres soulignent qu’il est aujourd’hui possible de visiter le sud du pays, ce qui était impossible avant.

Les talibans viennent de rouvrir un Institut du tourisme et de la gestion hôtelière. Plus surprenant encore, ils ont lancé un programme de réhabilitation touristique de sites, parmi lesquels Bamiyan, région qui abrite deux bouddhas géants datant du VIe siècle, que les talibans ont détruit à la dynamite il y a 23 ans.

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Ils misent beaucoup sur ce site pour faire revenir non seulement les touristes, mais aussi les ONG et faciliter ainsi le retour des investissements suspendus par les sanctions internationales.

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