Législatives 2024: défis techniques et course contre la montre pour la 11e circonscription des Français de l'étranger

Des élections législatives se tiendront les 30 juin et 7 juillet prochains en France, et partout dans le monde, notamment en Asie, pour les Français de l’étranger. Déjà compliquées à organiser sur le plan national, mais on imagine les difficultés techniques dans une circonscription XXL comme la 11ᵉ circonscription des Français de l’étranger, très étendue et dont le décalage horaire avec la France est important. Décryptage avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde.

Le Consulat général de France à Pékin. © cn.ambafrance.org/

C'est la plus grande des circonscriptions électorales ! Quelques chiffres pour prendre la mesure du morceau : trois continents (Europe orientale, Asie et Océanie), 49 pays, une dizaine de fuseaux horaires, 80 bureaux de votes, pour un peu plus de 137 852 Français enregistrés sur la circonscription et un peu plus de 100 000 électeurs... C’est donc à une véritable course contre-la-montre que se livrent à la fois les services de l’État et les candidats, depuis l’annonce du président de la République de dissoudre l’Assemblée au lendemain des élections européennes.

Des défis techniques dans l'organisation

RFI a appelé ce mardi matin Guillaume Roy, consul général de France à Pékin où 1 600 Français sont inscrits sur les listes électorales. 

« Le défi est important pour tous les postes diplomatiques à travers le monde, avec des échéances assez courtes pour préparer un scrutin national, nous explique Guillaume Roy. L’organisation à l’étranger pose un certain nombre de problèmes liés à l’éloignement ; notamment les délais d’acheminement du matériel électoral peuvent poser problème à une échéance aussi courte, alors qu’en France les distances sont beaucoup plus réduites.

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Nous nous préparons donc à devoir imprimer localement, si nécessaire, les bulletins de vote des différents candidats qui n’auront pas le temps d’arriver jusqu’aux bureaux de vote pour les scrutins, sachant que nous avons à Pékin trois fois moins d’électeurs qu’à Shanghai et 5 fois moins qu’à Hongkong. Un autre souci lié à l’éloignement et aux délais, c’est l’acheminement de la propagande électorale jusqu’à l’électeur qui peut être n’arrivera pas avant le scrutin. »  

Un défi technique pour les services du consulat, mais aussi pour les 15 candidats qui se présentent sur cette 11ᵉ circonscription des Français de l’étranger : deux semaines depuis le dépôt des candidatures dimanche, c’est déjà court !

Quels sont les défis posés pour cette campagne blitzkrieg loin de la France avec, là encore, du terrain à parcourir pour les candidats, puisque l’on a 9 h de décalage entre Kiev — et même Chisinau désormais – et Auckland ?

Nous avons posé la question au Pékinois, Franck Pajot, candidat pour le Nouveau Front populaire :  « Il y a d’abord le timing, rien que le temps d’acheminement des bulletins et des affiches dans 49 pays, c'est compliqué. Et puis, il y a le calendrier. Les Français de l’étranger vivent sur un calendrier scolaire, c’est-à-dire que début juillet, ils vont tous partir en vacances, la plupart vont rentrer en France, donc on aura plus d’électeurs. Certes, on a le vote en ligne, mais ça ne marche pas toujours. On peut faire des procurations, mais c’est compliqué. C’est un véritable casse-tête et c’est regrettable, car les Français de cette circonscription veulent s’exprimer. Ils ont vécu des périodes difficiles avec la crise sanitaire. Certains n’ont pas pu voter à un moment donné et tout le monde, aujourd’hui, a le droit de s’exprimer lors de ces belles élections. »

Concilier élections et congés ?

Ces élections last minute risquent donc de bouleverser le calendrier des vacances de celles et ceux qui habitent loin de la France. Là encore, quand les dates de ces nouvelles élections ont été annoncées, ça a été branle-bas le combat chez les électeurs.

Julien, électeur de la 11ᵉ circonscription, est dans l’import-export, il votera à l’urne, mais certains de ses amis vont devoir trouver des solutions pour pouvoir s’exprimer pour ce scrutin : « En tant que Français de l’étranger, je trouve que c’est important d’aller voter, surtout à ce moment de notre vie politique. C'est les vacances, mais on va devoir faire avec ! On n’a pas le choix de toute façon. Si vous ne pouvez pas être là le jour du scrutin, il faut faire confiance à ses proches et demander une procuration. Bon, il y a aussi le vote en ligne, mais j’ai moins confiance. J’ai l’impression que c’est une mesure d’urgence. Les dernières élections où cette option était proposée, n’ont pas été un franc succès. Il y a eu beaucoup de problèmes techniques et certains électeurs n’ont pas reçu leur mot de passe à temps. Sinon, en dernier recours, il y a la possibilité de repousser l’avion, mais là, c'est encore plus difficile pour les français qui vivent à l’étranger. » 

Des inquiétudes organisationnelles du côté des électeurs aussi, notamment pour ce qui concerne le vote en ligne qui a posé des soucis par le passé.

Ce vote électronique a lieu avant le scrutin, dans les urnes et sous conditions, rappelle Guillaume Roy, le consul général de France à Pékin : « C’est un vote qui a lieu en amont du vote à l’urne pour être sûr qu’il puisse être accepté et valide. Il faut pour cela un email et un numéro de téléphone portable renseignés dans le registre des Français établis hors de France. Tout Français inscrit sur la liste électorale d’un poste à l’étranger doit pouvoir voter pour ces élections par vote électronique. Ce qui n’empêche pas de faire quand même une procuration, si on n'est pas sur place au moment du vote, et dans tous les cas, si ces options n’ont pas marché, un Français peut se déplacer au dernier moment pour voter dans son bureau de vote. »          

La liste des 15 candidats qui se présentent pour ces législatives des 30 juin et 7 juillets prochains dans la 11ᵉ circonscriptions (Europe orientale, Asie, Océanie) est la suivante : 

• Anne Genetet (Renaissance) 
• Olivier Machet 
• Marc Guyon (Union des Droites) 
• Elise Phronrath 
• Jacques Cheminade (Solidarité & Progrès) 
• Victor Maurel 
• Pierre Brochet (Rassemblement National) 
• Franck Pajot (Nouveau Front Populaire) 
• Françoise Arthur 
• François Asselineau (Union Populaire Républicaine) 
• Nelly Violette 
• Tatians Boteva-Malo (Egalité Europe Écologie) 
• Anne-France Larquemin (Reconquête) 
• Jordan Cruciani 
• Nathalie Martin 

La liste de tous les candidats à ces législatives des Français de l’étranger est à retrouver sur le Petit Journal.com 

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