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Thaïlande: le Parlement débat sur la motion de censure contre la Première ministre Paetongtarn Shinawatra

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Un début de semaine politiquement agité en Thaïlande. Lundi 24 mars au matin, les députés du royaume ont commencé à débattre sur la motion de censure visant la Première ministre thaïlandaise. L’opposition accuse notamment Paetongtarn Shinawatra de manquer de leadership et de faire passer des intérêts privés avant ceux de la nation.

La Première ministre thaïlandaise Paetongtarn Shinawatra s'exprime lors d'une conférence de presse après une réunion spéciale du cabinet au siège du gouvernement à Bangkok, en Thaïlande, le 7 septembre 2024.
La Première ministre thaïlandaise Paetongtarn Shinawatra s'exprime lors d'une conférence de presse après une réunion spéciale du cabinet au siège du gouvernement à Bangkok, en Thaïlande, le 7 septembre 2024. REUTERS - Athit Perawongmetha
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De notre correspondant à Bangkok,

Le Parti du Peuple (PP), à l'opposition, a déposé cette motion de censure le mois dernier, car il accuse la Première ministre Paetongtarn Shinawatra d’incompétence. D’abord, sur le volet économique : le principal parti d’opposition dénonce une mauvaise gestion de l’économie thaïlandaise, qui est en perte de vitesse et qui enregistre actuellement l’une des croissances les plus faibles parmi les pays d’Asie du Sud-Est.

Ensuite, sur la question des droits humains : le Parti du Peuple estime que, sous l’actuel gouvernement, la réputation mondiale de la Thaïlande a été ternie à cause de plusieurs violations en la matière. Dernière en date, la déportation de 40 Ouïghours vers la Chine.

L’opposition accuse, enfin et surtout, Paetongtarn Shinawatra de faire passer les intérêts de sa famille au détriment du peuple thaïlandais. En creux, de laisser son père Thaksin Shinawatra tirer les ficelles du pouvoir. 

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L'influence toujours persistante de l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra

Le milliardaire controversé Thaksin Shinawatra, Premier ministre de 2001 à 2006, semble toujours exercer une influence politique considérable. C’est un secret de polichinelle ici en Thaïlande : Thaksin a la main sur le Pheu Thai (PT), le parti au pouvoir qu’il a lui-même fondé, mais qui est officiellement dirigé par sa fille.

Après 15 années d’exil pour échapper à plusieurs condamnations pour corruption, il était rentré au pays en 2023 à la suite des élections générales. Et après six mois en détention à son arrivée, sa longue peine de prison avait été effacée.

Le retour de Thaksin Shinawatra n’a été possible que grâce à l’alliance contre-nature entre son parti PT et les militaires l’ayant chassé du pouvoir des années plus tôt. Depuis, le patriarche multiplie les meetings et s’affiche en leader. Bien malgré le fait que le PT se soit assis sur ses promesses électorales, dont la réforme de l’armée, acteur incontournable dans la vie politique thaïlandaise. Ce sujet sera sûrement abordé lors des débats aujourd’hui et demain.

Trois jours de débats et votes au Parlement

Lors des débats au Parlement lundi 24 et mardi 25 mars, l’opposition a un total 28 heures pour interroger la Première ministre sur divers sujets. Elle et sa coalition gouvernementale ont 7 heures pour y répondre. Le vote de défiance aura ensuite lieu mercredi. Mais il est peu probable que la motion de censure soit adoptée par l’Assemblée, où le gouvernement de coalition dirigé par Paetongtarn Shinawatra dispose d’une confortable majorité (322 sièges sur 500). 

Pour les observateurs, le détail du vote pourrait néanmoins dévoiler des signes de divisions internes. Surtout, c’est l'occasion pour l’opposition de marquer des points auprès du grand public. Car la plupart des Thaïlandais sont mécontents de l’actuel gouvernement et en faveur de cette motion de censure, selon un sondage.

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