L'État de Nauru vend ses passeports pour survivre au changement climatique
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On part aujourd’hui dans le Pacifique, et plus précisément dans l’un des plus petits pays au monde, Nauru, qui a récemment lancé un programme d’accession à la citoyenneté, destiné à financer son adaptation au réchauffement climatique, et plus particulièrement, à la montée des eaux, qui menace la grande majorité des nations insulaires…

De notre correspondant à Sydney,
Quel intérêt y a-t-il à devenir un ressortissant de Nauru ?
Tout d'abord, c'est relativement simple : il n'est pas nécessaire de vivre sur place, cela vous coûtera un peu plus de 100 000 dollars et l'une des seules conditions requises est d'avoir un casier judiciaire vierge. L'autre intérêt, bien sûr, c'est qu'avec un passeport de Nauru vous pouvez entrer dans plus de 80 pays à travers le monde sans aucun visa, parmi lesquels notamment le Royaume-Uni, la Russie, Singapour ou encore la Corée du Sud. Ce qui en fait actuellement le 52e passeport le plus puissant du monde, c’est-à-dire qu’il offre une liberté de circulation plus importante, par exemple que les passeports émis par la plupart des pays africains ou certains grands pays asiatiques comme l'Inde ou le Vietnam.
Ajoutons que les objectifs de Nauru en la matière sont plutôt modestes : ils espèrent ainsi vendre une soixantaine de passeports cette année et environ 500 sur toute la durée du programme, de quoi donc rapporter environ 50 millions de dollars, de quoi financer un projet de déplacement de la population vers des terres moins exposées à la montée des eaux.
Et visiblement, il y a un intérêt, notamment de la part de ressortissants venant de Chine, du Moyen-Orient ou encore, et c'est plus étonnant, de la part de citoyens américains puisque depuis la réélection de Donald Trump, un nombre grandissant d'entre eux, en tout cas, ceux qui en ont les moyens, cherchent à obtenir une deuxième nationalité
Le passeport de Nauru risque-t-il de perdre de sa valeur ?
C'est le risque et c'est d'ailleurs ce qui est arrivé dans la région à Vanuatu, qui avait lancé un programme similaire il y a quelques années après un cyclone particulièrement dévastateur. Ici, l'idée, c'était de vendre des passeports pour financer la reconstruction du pays. Mais l'Union européenne, où il était possible d'entrer sans visa avec un passeport du Vanuatu, a fini par retirer son agrément, parce qu'elle estimait que la nationalité vanuataise était accordée sans suffisamment de contrôle.
Pour ce qui est de Nauru, le petit État espère se prémunir de cela en refusant les candidats qui ne disposent pas d'un casier judiciaire vierge. Il y a par ailleurs des ressortissants de certains pays considérés comme à risque qui ne sont tout simplement pas éligibles, c'est le cas de l'Afghanistan, de la Corée du Nord, du Myanmar, du Soudan, de la Russie, de la Biélorussie et du Yémen. À voir maintenant si cela suffira à rassurer les pays qui acceptent actuellement l'entrée de détenteurs d'un passeport de Nauru sur leur territoire sans visa…
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