Élections législatives à Singapour: la stabilité dans la continuité
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Samedi 3 mai, se tiennent à Singapour des élections législatives pour élire 97 députés pour 33 circonscriptions. Au total, 2,7 millions de Singapouriens sont appelés aux urnes après une campagne éclair qui n’aura duré que 9 jours. Éclairages.

Les élections à Singapour sont souvent décrites comme ennuyeuses car la scène politique est dominée depuis trois quarts de siècle par le parti d’action populaire (PAP). Il a remporté à une très large majorité toutes les élections depuis 1959, en s’assurant au minimum une majorité des deux tiers au Parlement.
La cité-État est également très stable au niveau exécutif, elle n’a connu que quatre Premiers ministres en 75 ans.
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En face, il y a huit à dix partis d’opposition, la plupart sont de petites formations sans grands moyens, ni élus. Le seul qui se démarque est le Parti des travailleurs qui a réussi en 2020 à faire élire – et c’est sans précédent – 10 députés sur un Parlement qui en comptait 93.
Des élections sans suspens
Selon les observateurs, les chances que le Parti des travailleurs puisse aller au-delà sont maigres car il a choisi de ne présenter que 26 candidats pour 97 sièges, ce qui exclut d’emblée toute possibilité qu’il remporte ces élections.
L’actuel Premier ministre Lawrence Wong et son parti le PAP ont donc toutes les cartes en mains pour se maintenir au pouvoir. Avec 55 % des voix, soit les trois quarts des sièges, le résultat sera considéré comme un échec. Sil obtient entre 65 et 70% soit la quasi-totalité des sièges, ce sera un succès.
Les taxes douanières américaines au centre des préoccupations
Même si Singapour est considéré comme un pays stable et prospère, il a beaucoup été question du coût de la vie. Les prix du logement et de la nourriture ont beaucoup augmenté, suscitant l’inquiétude d’une population vieillissante.
Les retraites sont versées via un système de capitalisation, ce qui a poussé le gouvernement à chercher à stabiliser l’économie en dégageant des fonds pour les retraités et les tranches les plus défavorisées qui ont subi de plein fouet les conséquences d’un développement économique rapide.
La solution a été d’augmenter la TVA de 7 à 9 %, sans imposer les plus riches. Une mesure critiquée par l’opposition qui a réclamé des mesures sociales plus étendues, reposant sur une imposition plus large.
Mais comme ailleurs dans le monde, le sujet dominant a été celui des taxes douanières de Donald Trump. Elles sont considérées comme très offensives par Singapour, comme l’estime Jean-Louis Margolin, historien et spécialiste de Singapour. « Singapour doit sa prospérité à son statut permanent de port franc, de grande plateforme commerciale à l’échelle asiatique et mondiale. Depuis deux siècles, c'est un pays libre de tous droits de douane à l’entrée, et donc en ce sens, l’imposition de 10 % aux exportations singapouriennes, taux qui peut monter jusqu’à 25 % dans le cas des exportations de produits métallurgiques et automobiles, c’est évidemment considéré comme un geste inamical envers un petit pays toujours loyal et proche politiquement des États-Unis, mais aussi comme une menace, certes pas existentielle, mais une menace assez sérieuse pour certaines des industries singapouriennes qui risquent de se retrouver en difficulté », analyse l'expert.
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En dehors de cette préoccupation, Singapour demeure un système plutôt bien géré et en bonne santé économique. Il existe évidemment des mécontentements chez les jeunes ou les minorités ethniques ou religieuses (en particulier chez les 15 % de Malais musulmans, dont certains se sentent marginalisés), mais la cité-État n’a jamais connu de crises politiques ni économiques majeures, ce qui garantit — pour l’heure — au parti d’action populaire de se maintenir au pouvoir.
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