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En Indonésie, Emmanuel Macron vante le rapprochement avec Jakarta

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Reçu avec tous les honneurs dans la capitale Jakarta mercredi, le président Emmanuel Macron se trouve jeudi à Yogyakarta, sur l’île de Java. La France multiplie les signes pour montrer que l’Indonésie, avec qui elle a signé un partenariat stratégique, est son grand allié dans la région alors que les deux pays célèbrent cette année les 75 ans de leur relation diplomatique. Une volonté commune de montrer la bonne relation entre les pays mais aussi entre les deux présidents. 

Cette photo prise et publiée le 29 mai 2025 par le palais présidentiel montre le président indonésien Prabowo Subianto (au centre) et le président français Emmanuel Macron (à droite) arrivant à l'Académie militaire de Magelang, dans le centre de Java.
Cette photo prise et publiée le 29 mai 2025 par le palais présidentiel montre le président indonésien Prabowo Subianto (au centre) et le président français Emmanuel Macron (à droite) arrivant à l'Académie militaire de Magelang, dans le centre de Java. AFP - HANDOUT
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Avec notre envoyé spécial à Jakarta, Nicolas Rocca

À peine sortie sur le tarmac de l’aéroport de Jakarta, Emmanuel Macron a dit avoir hâte de parler à « son frère » Prabowo Subianto. Le président indonésien lui a rendu la politesse dès le lendemain, en sortant le grand jeu pour le recevoir en grande pompe au Palais présidentiel. Aujourd’hui, il l’emmène dans son académie militaire et l’a invité dans sa résidence. Les deux hommes ont multiplié les accolades et les gestes d’affections derrière les caméras.

Pourtant, le président indonésien à une image sulfureuse. Cet ancien général est accusé par de nombreuses ONG d’avoir commis des exactions et dirigé une unité d’élite qui a torturé des militants pro démocratie durant la dictature.  

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Malgré cette image, Emmanuel Macron a un intérêt stratégique à s'associer avec un tel personnage. Car Prabowo Subianto, comme l’Indonésie, représente une opportunité unique pour la France. Le chef de l'État indonésien a orchestré l’achat de 42 avions de chasses rafales et deux sous-marins scorpènes pour 10 milliards de dollars lorsqu’il était ministre de la Défense.

Et ce francophile assumé a aussi laissé en janvier le porte-avion français Charles de Gaulle accoster dans le pays. Il a pu mouiller au port de Lombok. Un privilège précieux et stratégique dans cette zone extrêmement contestée et vitale au commerce international.

Diplomatiquement, les étoiles semblent à peu près alignées aussi car Jakarta pratique une politique de non-alignement fidèle à celle dessinée il y a 70 ans par de nombreux pays du Sud à la conférence de Bandung. Et la France répète à l’envi que sa stratégie indo-pacifique suppose des partenariats mutuels et respectueux de la souveraineté des pays, loin des prédations de la Chine et des États-Unis.

Opportunités économiques

Ce pays très peuplé, plus de 280 millions d’habitants, et qui est la plus grande économie d’Asie du Sud-Est est aussi une opportunité économique pour la France. Et ce même si les échanges restent paradoxalement limités par rapport au partenariat de défense, lui particulièrement avancé.

La France est le douzième partenaire économique de l’Indonésie et seulement quatrième européen. Pour l’Élysée, cette visite d’État a aussi permis d’assurer plus de 17 milliards de dollars de contrats pour des entreprises comme Total ou Danone. Mais aucun détail n’a filtré.

Si l’Indonésie a d’énormes atouts, comme son sous-sol, extrêmement riche en nickel ou en métal, convoité notamment par l’entreprise française Eramet, la présence chinoise est difficile à contester. De très loin le premier partenaire économique du pays. Ce sont des entreprises chinoises qui contrôlent 75% des capacités de raffinement en Indonésie.  

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Et si la France espérait consolider ses échanges économiques grâce à la vente de nouveaux équipements militaires. Paris a seulement reçu une « lettre d’intention » de la part de Jakarta, exprimant la volonté indonésienne d’acheter d’autres frégates, corvettes ou rafales. Un signe positif, mais non contraignant. Il faut dire que la situation des finances publiques indonésienne est loin d’être au beau fixe.

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