Chanteuse, actrice mais aussi espionne. Si la vie de la ténébreuse Asmahan s’arrêta en 1944 dans un mystérieux accident de voiture à l’âge de 24 ans, cette princesse druze à la vie romanesque reste une icône et une source d’inspiration pour de nombreux artistes. D’autant plus qu’en compagnie de son frère Farid el Atrache, elle aussi fit sa révolution musicale.

Et si parfois les prédictions se réalisaient ? « Tu es née dans l’eau et dans l’eau tu périras ». Cette déclaration, faite par une voyante, qui sourd comme une menace aux oreilles d’Asmahan lorsqu’elle est adolescente s’est réalisée. Meurtre ou accident ? Aujourd’hui encore, le mystère reste entier et le dossier concernant sa mort, classé secret défense en Angleterre suscite bien des fantasmes…
Cela aurait presque tendance à occulter la musique et la carrière, brève, mais impressionnante de cette sublime jeune femme aux yeux verts et au chant profondément mélancolique que l’on surnomma des années après sa mort « la Marylin Monroe du Moyen-Orient ».
Elle fut la première chanteuse à oser introduire des vocalises européennes dans la musique orientale. En dix ans de carrière, accomplie au Caire, Asmahan a enregistré une trentaine de chansons, joué dans deux films avec son frère adoré, le chanteur et musicien virtuose, Farid El Atrache. Elle s’est mariée quatre fois, est devenue mère d’une petite fille qui lui aura été arrachée, a mené une vie dissolue, par goût de la fête certes, mais peut-être aussi pour conjurer la tristesse d’avoir eu à choisir entre mener la vie qu’elle souhaitait ou élever son enfant. Véritable princesse du djebel, les montagnes syriennes de Soueïda, au sud-ouest de la Syrie, elle appartenait à un clan royal, extrêmement patriarcal et à une communauté secrète, les Druzes, pour l’indépendance desquels elle n’hésita pas à s’engager aux côtés de la France et de l’Angleterre durant la Seconde Guerre mondiale.
Partir à la rencontre d’Asmahan, c’est s’immerger dans l’histoire et la vie politique de la Syrie et de l’Égypte au début du XXè siècle. Découvrir ses films et ses chansons, à travers les avancées technologiques de son époque. Mais aussi partir sur les traces de la naissance des comédies musicales égyptiennes, dont avec Farid el Atrache, elle allait devenir l’une des étoiles.
En images
Programmation musicale
- Asmahan, Ya Touyour (Ô vous les oiseaux)
- Asmahan, Ya habibi taala (Ô viens mon amour)
- Mohamed el Quasabgi, Zikrayati
- Asmahan El layali (Les Nuits)
- Asmahan, Dahkhalti marra fi ginaïna, (Je suis entrée une fois dans le jardin)
- Mohamed Abdel-Wahhab Ya msafer wadak (Ô toi l’étranger qui pars seul)
- Farid el Atrache, Ya Gamil, Ya Gamil ( Ô beauté, Ô beauté)
- Asmahan, Majnun Leyla (Le fou de Leyla)
- Asmahan, Emta ataaraf (Quand réaliseras-tu ?)
Avec Feeda Safadi, universitaire et Dea Liane, autrice, actrice et metteuse en scène du spectacle Le Cœur au bord des lèvres, dédiée à Asmahan.
- Asmahan, El chams ghabet (Le soleil s’est couché)
Pour aller plus loin :
- Une étoile filante, le destin brisé d'Asmahane, roman de Marie Seurat (Grasset)
- Ô nuit, ô mes yeux, roman graphique de Lamia Ziadé, POL, 2015.
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