À la fin des années 1930, la famille de celle qui ne s’appelait pas encore Fayrouz était si pauvre que c’est par la fenêtre de sa cuisine qu’elle apprenait les chansons que ses voisins écoutaient à la radio. Et c’est à la radio libanaise, alors en plein essor, qu’elle rencontra, quelques années plus tard, les frères Assi et Mansour Rahbani, qui firent d’elle l’interprète de leur révolution musicale, mélange inédit de musique traditionnelle arabe, de folklore libanais et d’influences latino-américaines et occidentales.

Elle est considérée comme la dernière légende vivante du monde arabe. « Ambassadrice du Liban à travers le monde ». Une artiste dont les admirateurs s’envoient dans le monde entier, les chansons le matin, par messages, pour se souhaiter une bonne journée.
Fayrouz a enregistré plus de 800 chansons, sorti une cinquantaine d’albums et joué dans une vingtaine de films et comédies musicales. Pourtant, on en sait peu sur elle, épouse d’Assi Rahbani qui, avec son frère Mansour, révolutionna la musique libanaise du XXè siècle. Son fils Ziad, artiste engagé, enfant prodige de la scène libanaise, assurera le tournant jazz de la carrière de sa mère à partir de la fin des années 1970.
Comment et pourquoi Fayrouz, petite chrétienne maronite, née dans un quartier populaire de Beyrouth, est-elle devenue la dernière icône sacrée dans tout le monde arabe ?
Fayrouz n’est pas seulement une interprète. Celle qui refusa de quitter son pays pendant la guerre civile libanaise incarne plus qu’aucune autre chanteuse un symbole de paix et d’espoir. C’est une femme engagée, depuis sa jeunesse, pour la Palestine et, plus généralement, pour l’indépendance des peuples. C’est aussi l’incarnation de la résistance passive et une ambassadrice de la paix pour les Orientaux. Car pendant la meurtrière guerre civile libanaise, qui fera 200 000 morts, et des dizaines de milliers de disparus, entre 1970 et 1990, Fayrouz cessera de se produire en concert, pour ne pas paraître soutenir un camp. Ce qui lui offrira une affection unanime. Le chant d’amour de Fayrouz s’adresse à tous. Dans les pays arabes comme dans les diasporas.
C’est aussi une fervente chrétienne qui chante dans les églises maronites, une femme libre dont le répertoire musical évolua jusqu’au jazz et à la bossa en collaborant avec Ziad Rahbanni ou même, il y a quelques années à reprendre les Beatles.
Plonger dans sa vie et sa carrière est aussi une exploration de l’histoire politique et musicale du Liban après son Indépendance.
Avec Georges Bechara, architecte et artiste, ami et admirateur de Fayrouz, Georges Morin, président du Maghreb des livres et de l’association Coups de soleil.
Pour aller plus loin :
- Fayrouz : moi je chante l'humanité, de Marjorie Bertin (Orients éditions).
- Fairouz, documentaire réalisé par Frédéric Mitterrand.
En images
Programmation musicale :
- Fayrouz, Bitek Ya Setti El Khetyara
- Fayrouz, El bint chalabya (La fille de Chalabya)
- Fayrouz, Zahrat el madaen (La fleur des cités)
- Fayrouz, Atini el nay wa ghani (Donne-moi la flûte et chante)
- Fayrouz, Abbaytak bel saif (Je t’ai aimé l’été)
- Fayrouz, Nassam Alayna el Hawa (Le vent souffle sur nous)
- Fayrouz, Eh fi amal (Oui, il y a de l’espoir).
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