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À la Une: en Afrique, le difficile confinement

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L'avenue Bourguiba à Tunis est déserte, le 22 mars 2020. Le pays est entré en confinement général pour lutter contre la propagation du coronavirus.
L'avenue Bourguiba à Tunis est déserte, le 22 mars 2020. Le pays est entré en confinement général pour lutter contre la propagation du coronavirus. REUTERS / Zoubeir Souissi
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Comment se confiner ? Comment se protéger du coronavirus, alors que l'on doit absolument sortir pour gagner sa pitance ? Des millions d'Africains sont confrontés à ce cruel dilemme : rester chez soi et dépérir ou bien sortir pour se nourrir... et risquer d'être contaminés.

Exemple, ce chauffeur de taxi marocain, cité par Le Point Afrique, Mohammed, qui n'arrive plus à contenir sa colère. « Trop, c'est trop !, s'exclame-t-il. Qu'est ce que le gouvernement veut dire par "Restez chez vous" ? Je ne peux pas rester chez moi !, affirme-t-il. Je suis prêt à être contaminé par le coronavirus pour apporter un morceau de pain à mes enfants ! Si je reste chez moi, qu'est ce qu'ils vont manger ? L'État veut appliquer les mêmes mesures que l'Europe… Mais vous savez très bien, lance  Mohammed, que l'Europe fournit un seuil minimum de revenu pour les plus démunis ! Si on ne me garantit pas une compensation suffisante pour mes enfants et moi, je ne pourrais pas respecter ce confinement, même s'il est obligatoire ! »

Des gestes barrières pas toujours appliqués

Par ailleurs, les simples gestes barrières ne sont pas toujours respectés par les populations. Exemple, « dans la banlieue de Da­kar, relève le quotidien 24 heures, après la levée du couvre-feu, à 6h du matin, les populations ont vécu l’inconséquence des décisions qui voudraient que tout le monde respecte les gestes barrières. Les populations de ces zones dortoirs ont toutes voulu rallier leurs différents lieux de travail. Entre 6h30 et 9h, beaucoup de rassemble­ments ont été notés au niveau des arrêts de transport en commun : des dizaines de personnes agglutinées, sous le regard de quelques gendarmes eux-mêmes dépas­sés par la situation et de surcroît aussi exposés à une possibilité de contagion du Covid-19. »

Autre exemple au Niger, rapporte Le Pays au Burkina, « où trois cas positifs ont été détectés, certaines mesures, notamment la fermeture des mosquées, passent mal auprès des citoyens. Pas plus tard que lundi dernier, des jeunes armés de gourdins ont pris d’assaut certains commissariats qu’ils ont saccagés pour exprimer leur opposition et exiger la libération d’un imam interpellé qui n’aurait pas respecté la mesure relative à la fermeture des mosquées. C’est dire si le président Mahamadou Issoufou a du pain sur la planche. »

Premiers cas au Mali

Au Mali, c'est l'inquiétude après les deux premiers cas testés positifs... « La maladie est donc dans nos murs, souligne le site d'information Benbéré, et les quelque 19 millions de Damoclès que nous sommes n’ont aucun doute que l’épée de la maladie suspendue sur nos têtes peut les frapper à tout moment. » Car, « nous avons tout, sauf un système de santé bâti sur du roc. (…) Pourtant, affirme Benbétré, derrière chaque Malien doit se trouver une solution. (…) Cela passe par le respect des gestes barrières, d’hygiène de base, et même par les mesures de confinement, si le gouvernement venait à les prendre. »

Pour l'instant, un couvre-feu de 21h à 5h du matin a été décrété au Mali. Décision du président IBK mercredi soir. Mais les législatives, prévues dimanche prochain, ont été maintenues. « Un maintien absurde ! », s'exclame Le Pélican. « L’interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes n’a plus de sens si les élections sont maintenues. Aucune explication rationnelle, et surtout parce que le confinement est la mesure phare de prévention de la propagation du virus, ne saurait nous convaincre du contraire. Les bureaux de vote pourraient bien être des centres de transmission. (…) Nous devons craindre le pire ! Le Covid-19 est une menace aussi réelle, voire plus critique que la guerre. »

L'Afrique fragilisée

Enfin, plus globalement, sur le plan économique, le continent tout entier est très exposé. Effondrement des cours du pétrole et de certains minerais : « Les dommages s’accentuent de jour en jour, pointe Le Monde Afrique. Si le continent ne peut agir sur les prix des matières premières, il lui reste à mener le combat contre la pandémie. » Qui est donc loin d'être gagné... L'Europe devrait mobiliser des fonds. « Plus de détails pourraient être donnés ce jeudi, à l’occasion du Conseil européen des chefs d’États et de gouvernements. Difficile de deviner l’ampleur d’une telle assistance, souligne Le Monde Afrique, tant l’Europe peine à résoudre ses propres problèmes logistiques. »

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