Chronique des matières premières

Vers une Alliance européenne des matériaux critiques

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La Commission européenne vient de présenter son plan pour diminuer les risques d’approvisionnement en minerais et métaux indispensable à la transition verte et numérique de l’Europe. La liste de ces matériaux « critiques » s’allonge.

Le siège de la Commission européenne à Bruxelles.
Le siège de la Commission européenne à Bruxelles. REUTERS/Yves Herman
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De 27 il y a trois ans, ils sont passés à 30 en 2020. Il s’agit des matériaux considérés comme « critiques » par la Commission européenne : soit parce que leur offre est insuffisante, soit parce qu’elle est concentrée entre les mains de très peu de fournisseurs.

La liste va de l’antimoine et du borate, que l’Europe importe majoritairement de Turquie, au magnésium, aux terres rares et au tungstène extraits ou transformés à plus de 90 % en Chine. En passant par le cobalt qui provient à 68 % de République démocratique du Congo (RDC), ou les platinoïdes importés à plus de 70 % d’Afrique du Sud.

Bauxite, lithium, strontium et titane entrent dans la liste

L’hélium est sorti de la liste cette année, mais quatre autres matières premières font leur apparition : la bauxite, l’ingrédient de l’aluminium, provient désormais à 64 % de Guinée ; le titane, dont la Chine livre la moitié des besoins à l’Europe ; le strontium fourni par une seule entreprise, en Espagne.

Enfin et ce n’est pas des moindres, le lithium : l’Europe dépend à 78 % du Chili. Le lithium est indispensable aux batteries électriques. Il en faudra des quantités 60 fois plus importantes si l’Europe veut atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. De même qu’il faudra quinze fois plus de cobalt ou de graphite pour accomplir la transition verte et numérique chère à la Commission européenne.

L’épidémie de Covid-19 nous a rendu « encore plus dépendants à ces nouvelles technologies. Il ne faudrait pas remplacer la dépendance actuelle aux énergies fossiles par une dépendance aux matériaux critiques », juge le vice-président de la Commission, Maros Sefcovic.

Une Alliance européenne pour développer les ressources

Diversifier les approvisionnements passera par des partenariats, comme avec le Canada ou l’Australie. « Il y a aussi beaucoup de ces matériaux en Europe », souligne le commissaire à l’Industrie, Thierry Breton. La cartographie des ressources s’accélère grâce à l’observation satellitaire.

Une Alliance européenne des matières premières sera lancée d’ici la fin du mois pour réunir l’industrie minière, les États-membres, les régions, la Banque européenne d’investissement, mais aussi les ONG. Face aux protestations, notamment au Portugal, contre les projets d’extraction de lithium, il va falloir convaincre et démontrer que l’industrie minière en Europe peut être exemplaire.

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