Revue de presse Afrique

À la Une: la présidentielle américaine vue d’Afrique, USA-Gondwana !

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Montage photo avec Donald Trump et Joe Biden.
Montage photo avec Donald Trump et Joe Biden. MANDEL NGAN, JIM WATSON / AFP
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Ce n’est pas sans un certain amusement que les Africains assistent au spectacle de l’élection présidentielle aux Etats-Unis. Le caricaturiste algérien Dilem ne s’y trompe pas, avec ce dessin publié par le quotidien LibertéOn y voit un Donald Trump sifflotant, prêt à casser la vitre d’une borne d’urgence dans laquelle se trouve un suprématiste blanc revêtu de la cagoule du Klu Klu Klan et armé d’un fusil. Un dessin légendé ainsi : « USA : une élection sous haute tension »

Le site d’information guinéen Ledjely se gausse : « qui aurait cru qu’on arriverait à comparer l’organisation des élections aux Etats-Unis et en Afrique ? Pourtant, avec ce qui se dessine, nous pouvons bien nous autoriser un tel parallèle. D’abord, par rapport au délai d’attente des résultats. Généralement, sur le continent africain, la proclamation du nom du vainqueur intervient entre trois et cinq jours après le scrutin. Et on a tendance à expliquer une telle attente par les défis logistiques que posent le dépouillement, la compilation et la remontée des données. Des défis d’autant plus importants qu’il s’agit dans la majeure partie des cas, de pays pauvres et en manque cruel d’infrastructures notamment routières. Des explications qui ne sauraient rendre compte de ce que nous observons aux Etats-Unis. Ensuite, poursuit Ledjely, « recours (en justice), contestation, annulations de vote, bras-de-fer… habituellement, ce lexique-là, en période électorale, est davantage réservé au continent africain. Le continent dit des "républiques bananières". »

Trump-Biden, Condé-Cellou, Ouattara-Bédié…

« Tiens, les crises post-électorales ne sont pas l’apanage des Africains ! », renchérit Aujourd’hui au Burkina. « "Fraudes… un petit groupe de gens essaie de nous voler l’élection, je vais saisir la Cour suprême". Ces propos ne sortent pas de la bouche d’un opposant africain, fâché et transi par sa défaite face à un président-sortant. Non ! Ces mots ont été lâchés par Donald Trump, 45e président des Etats-Unis, qui affronte dans les urnes Joe Biden, champion des démocrates. »

Finalement, poursuit Aujourd’hui, « Trump-Biden c’est une version américaine de Condé-Cellou en Guinée, ou Ouattara et Bédié en Côte d’Ivoire. (…) Contextualisée en Afrique avec les présents exemples guinéen et ivoirien, cette bagarre post-électorale dans la grande Amérique met au goût du jour qu’aucune élection n’est exempte de contestations, y compris dans une des plus vieilles démocraties du monde. L’Afrique ne porte donc plus cette marque d’élections à problèmes comme un sceau d’infamie, même l’Amérique tocquevillienne n’échappe pas à cette déficience politique. »

Que n’aurait-on pas dit…

« Présidentielle américaine : non, nous n’êtes pas au Gondwana ! », ironise pour sa part L’Observateur Paalga, toujours au Burkina. « Non, nous ne sommes pas en Guinée (…). Nous ne sommes pas non plus en Côte d’Ivoire (…). Nous ne sommes pas davantage au Cameroun (…). Nous sommes encore moins en République Démocratique du Congo (…). Nous sommes bel et bien aux Etats-Unis d’Amérique, présentés comme l’une des plus vieilles démocraties au monde. (…) Un scénario digne du Gondwana, insiste L’Observateur Paalga, car l’Amérique de Trump n’en est pas très éloignée. Que n’aurait-on pas dit si ces auto-proclamations et suspicions avaient eu pour théâtre un de ces Etats africains où les présidents fondateurs charcutent à souhait leur constitution pour s’offrir des troisièmes mandats si ce n’est plus. Comme quoi les hommes politiques, sous toutes les latitudes, sont les mêmes, pointe le quotidien ouagalais. A la différence que sous nos tropiques, on a vite fait de sortir gourdins, machettes et kalaches… Là-bas les institutions sont suffisamment fortes et crédibles pour gérer les crises sans mettre en péril la stabilité de l’Etat et la paix sociale. Mais là non plus, on n’est sûr de rien, s’exclame encore L’Observateur Paalga, avec ce candidat qui chauffe à blanc ses fervents partisans pour +défendre+ sa victoire. »

Un autre « pays de merde » ?

« On croirait rêver, et pourtant, c’est la triste réalité, renchérit Le Pays, toujours au Burkina. Donald Trump va-t-il se vêtir du manteau de "pays de merde" ( comme il avait qualifié les pays africains ) ? On se demande en effet s’il va accepter le verdict des urnes, en cas de défaite. En tout cas, tout porte à croire qu’il ne s’imagine pas un seul instant perdre cette élection et qu’une défaite serait moralement insupportable pour lui. En cela, il présente bien des points de similitudes avec tous ces dirigeants africains qui se comportent en "Président-fondateur" ; toute chose qui amène finalement à se demander quel genre de démocrate est Donald Trump. Surtout avec un tel comportement qui ne met pas son pays à l’abri d’une crise et de violences post-électorales. »

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