RDC: la pêche en difficulté sur la rive congolaise du lac Albert
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Le lac Albert, qui sépare la République démocratique du Congo (RDC) et l’Ouganda, est l’un des plus riches en poissons. Mais la surexploitation menace le renouvellement des stocks. Les autorités congolaises ont pris des mesures pour sauvegarder la ressource, mais cela accroit la concurrence avec les pêcheurs de l’Ouganda voisin. Au village congolais de Kasenyi, la pêche n'est plus ce qu'elle était.

De notre envoyée spéciale à Kasenyi,
Une dizaine de pêcheurs hisse la pirogue jusqu’à la berge. La pêche est maigre ce matin de mai à Kasenyi. Nombreux sont les résidents qui se sont tournés vers l’import-export : « La pêche, c’est le principal travail ici. Mais notre pêche aujourd’hui ne donne pas », se plaint un manutentionnaire, qui évoque le manque de matériel adapté.
Règles différentes en Ouganda
La RDC a en effet interdit l’utilisation de certains filets à petites mailles pour lutter contre la surpêche et favoriser la reproduction des poissons. Des zones de frayère ont aussi été délimitées : régulièrement, les services congolais détruisent les matériaux hors normes et arrêtent les pêcheurs illégaux.
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Mais en face, côté ougandais, les règles sont différentes. « Les poissons viennent de l'Ouganda, explique Tina, vendeuse de poisson, car ici, au Congo, il y a beaucoup de patrouilles. Il y a des gens qui pêchent en Ouganda, d’autres qui achètent et qui nous ramènent le poisson ici. Nous, les vendeuses, nous achetons en gros. Puis, nous vendons au détail aux clients de Bunia, Mongwalu, Komanda, Mambassa, Béni, Oicha. Nous amenons les poissons de l'Ouganda jusqu'ici au Congo. »
Pêcheurs congolais sans emploi
Résultat, la concurrence est rude et les pêcheurs congolais se retrouvent souvent sans emploi. « Il y a une baisse de production, ça va créer du chômage, déplore Christophe Lonama, président provincial de la Fédération des entreprises du Congo (FEC). Ce n’est pas bon. Les années précédentes, on exploitait les poissons du lac Albert partout, il y avait des quantités suffisantes. Maintenant, il y a une diminution sensible des quantités de poissons et même une disparition de certaines espèces dans les lacs, suite au non-respect de zones de frayères et suite à l’usage de filets prohibés. »
Le lac Albert est déjà considéré comme vulnérable par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en raison de la pollution liée à la présence humaine autour du lac. Le projet pétrolier de Total sur les rives du lac côté ougandais inquiète aussi les écologistes.
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