Afrique, mémoires d'un continent

La colonisation en débat : faut-il s’excuser et réparer ?

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Doit-on s’excuser de la colonisation ? De l’esclavage aux décolonisations, des guerres et crimes coloniaux, de l’expropriation et des dominations multiformes aux survivances de cet écosystème colonial aujourd’hui, comment créer un horizon commun pour apaiser les mémoires ? Les puissances coloniales sont-elles prêtes, enclines à présenter leurs excuses ? À des réparations financières ? Que demandent les ex-colonisés ? Quel état des lieux dans la reconnaissance de la colonisation aujourd’hui ?

Le Premier ministre belge Charles Michel a présenté les excuses de l'Etat belge pour les maltraitances dont ont été victimes les enfants métis lors de la colonisation.
Le Premier ministre belge Charles Michel a présenté les excuses de l'Etat belge pour les maltraitances dont ont été victimes les enfants métis lors de la colonisation. © REUTERS/François Lenoir
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Avec la participation de :

- Pascal Blanchard, historien spécialiste du fait colonial et de l’histoire des immigrations, co-auteur de « Doit-on s’excuser de la colonisation ? »  (éd. Desclée de Brouwer)

- Chikouna Cissé, historien de la migration, maître de conférences en Histoire de l'Afrique à l'Université Félix Houphouët Boigny d'Abidjan.

 

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Elgas : Pourquoi les pouvoirs successifs semblent tétanisés à l'idée de rétablir la vérité ?

Pascal Blanchard : Parce que la vérité fait peur. Dire que la République a colonisé, a dominé, a tué, a réprimé, a empêché la liberté, a empêché l'autre d'être son égal, et a fabriqué par le droit de la distinction en fonction d'une couleur de peau, a autorisé le pillage, le viol et la domination... Par définition, personne n'a envie de l'entendre. Personne n'a envie d'entendre que son histoire a été maculée de sang. Personne n'a envie d'entendre qu'ils ont été du mauvais côté de l'histoire. Personne n'a envie de dire que la France, pour être «grande», a dû réduire les autres à n'être rien. Personne n'a envie d'entendre ce récit-là. On a envie d'entendre que cet empire colonial sur lequel le soleil ne se couchait jamais, c'était la grandeur. Et c'était le moment où la France était à son apogée. C'est ça que les gens ont envie d'entendre.  

Elgas en compagnie de l'historien Pascal Blanchard
Elgas en compagnie de l'historien Pascal Blanchard © Taguy M'Fah Traoré

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