Afrique, mémoires d'un continent

Cinéma: le Fespaco, la longévité d’une vitrine du continent

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Direction le Burkina Faso où, en pleine période d’effervescence post-indépendances, le monde de l’art se rebiffe et le cinéma se fraie un chemin. En 1969, un petit noyau de cinéphiles, organisés en cinéclub, bientôt rejoints par des acteurs culturels décidés et des cinéastes, font naître l’idée d’une semaine du cinéma africain. Semaine qui deviendra dès 1972 le Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou, le FESPACO.  

Dans la banlieue de Ouagadougou, lors d'une des précédentes éditions du festival panafricain du cinéma et de la télévision (FESPACO).
Dans la banlieue de Ouagadougou, lors d'une des précédentes éditions du festival panafricain du cinéma et de la télévision (FESPACO). © Issouf Sanogo/AFP
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Avec notre invité Aboubacar Demba Cissokho, journaliste et critique de cinéma, auteur de « Fespaco : Par-delà les écrans » (éd. Baobab).

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Elgas : Vous mentionnez Thomas Sankara dans votre livre. Il y a une très belle place. On sent d'ailleurs votre admiration pour son legs et sa vision, au moins pour la question des arts. Que représente-t-il pour ce festival ?  

Aboubacar Demba Cissokho : Il représente beaucoup de choses. Il a installé dans la conscience des Burkinabé, puis des amateurs et des professionnels du cinéma, l'idée que leur travail artistique est important dans l'entreprise globale qu'est la promotion de la culture. Et cette conscience est toujours là malgré les vicissitudes, les soubresauts sociopolitiques, les difficultés économiques, cette conscience que l'art et la culture sont importants dans la représentation, l'image que se donne un peuple, l'image qu'il se donne à lui-même et l'image qu'il donne à l'extérieur. Et ce que Sankara a ajouté aussi, c'est la dimension panafricaine. C'était inscrit, mais Sankara lui a donné corps. En 1984, il est allé à l'Assemblée générale des Nations unies. Il lui a prononcé un discours et en marge de cette assemblée générale, il est allé à Harlem. Il a rencontré la communauté africaine américaine. À l'époque, on ne disait plus afro-américaine. Et il a pris conscience qu'il fallait intégrer la diaspora, lui donner une place au Fespaco. D'où la création du prix Paul Robeson, prix de la diaspora qui récompense les cinéastes en 1985. Et ce prix existe toujours. Un troisième élément, c'est la proximité que Sankara a créée entre les élites et le public. Lui-même se déplaçait, rencontrait les cinéastes, les artistes, les recevait, invitait ses amis. Et donc ces trois dimensions-là ont fait que sa place est toujours évoquée quand on parle de l'histoire du Fespaco.

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