La Fed va relever son taux directeur: la fin de l’argent bon marché
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Décideurs et investisseurs auront tous les yeux et les oreilles tournés vers Washington aujourd’hui pour suivre la décision de la Réserve fédérale. La banque centrale des États-Unis s’apprête à relever fortement son principal taux d’intérêt pour mater l’inflation.

La manœuvre est délicate : Jerome Powell doit remonter les taux pour faire reculer l’inflation. Au risque de casser la croissance. Avec un produit intérieur brut en repli au premier trimestre, le grand argentier de l’Amérique marche sur des œufs. Après avoir longtemps temporisé – trop, disent ses critiques –, le président de la Fed va prendre une décision forte. Et pour éviter les secousses, il a beaucoup communiqué sur ses intentions. C’est pourquoi on s’attend à une augmentation de +0,5% pour commencer. Ce sera la première fois depuis l’an 2000 qu’un relèvement aussi important est décidé et ce ne sera qu’un début. D'ici à la fin de l’année, le taux directeur de la Fed pourrait progressivement grimper jusqu’à 2,5%. Une hausse nécessaire pour faire barrage à l'inflation qui est aujourd'hui à 8,5%.
Cette forte remontée des taux intervient dans un contexte mondial assez incertain
Avec d’abord la guerre en Ukraine : elle a accéléré la tendance inflationniste. Maintenant, la perspective d’un embargo européen sur le pétrole et pourquoi pas d'ici à quelques mois sur le gaz russe pourrait attiser cette flambée des prix. L’autre inconnue est la Chine et sa politique « zéro Covid ». Les confinements stricts perturbent les chaînes d’approvisionnement, voilà un autre facteur favorable à l’inflation. Pas sûr donc que le grand virage de la Fed suffise à maîtriser la hausse des prix.
La Fed doit aussi annoncer aujourd’hui un programme pour mettre fin au soutien de l’économie
C’est un autre chantier à risque. Depuis la crise financière de 2008, la Fed n’a littéralement jamais cessé de racheter de la dette, publique et privée, pour soutenir l’économie. Ses achats ont repris de plus belle pendant la pandémie. Son bilan a doublé en deux ans, il se monte à 9 000 milliards de dollars. Une masse dont elle doit progressivement s’alléger. Sortir de cette politique dite d’assouplissement monétaire est un mouvement inédit, jamais expérimenté à ce jour par la Fed ou les autres banques centrales qui l’ont imitée après 2008. Toutes ces inconnues donnent des sueurs froides aux investisseurs.
La fête est finie sur les marchés financiers ?
Une nouvelle ère qui commence après une longue euphorie favorisée par les taux au niveau du plancher. L’argent placé dans les obligations ne rapportait plus rien, il était donc investi en action, on pouvait même emprunter pour jouer en Bourse, puisque le loyer de l’argent était quasiment gratuit. La remontée des taux change la donne. C’est un sevrage pour les investisseurs. Certains redoutent même un krach boursier, avec des bulles qui pourraient commencer par éclater, notamment sur l’immobilier américain. Ce scénario catastrophe ne reflète pas les fondamentaux de l’économie américaine : la consommation est robuste et le marché de l’emploi tendu. Les investisseurs écouteront bien sûr très attentivement le discours que tiendra Jay Powell sur la croissance américaine pour enrober sa décision sur les taux.
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