Le scandale FTX va-t-il accélérer la régulation des cryptomonnaies?
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Malgré la faillite retentissante de FTX, la deuxième plateforme d'échange de cryptomonnaies, il y a à peine un mois, ces « ovnis » monétaires n'ont pas encore disparu. Leur survie passe dorénavant par une plus grande régulation.

L'état des lieux est incroyable : le nouveau patron de FTX, celui qui a été chargé de liquider les affaires courantes, a découvert avec stupeur qu’il n’y avait pas de comptabilité interne au sein de cette entreprise basée au Bahamas, qui a surtout rempli les poches de son fondateur Sam Bankman-Fried. D’après le Wall Street Journal, une récente étude sur les sociétés de minage de bitcoin cotées en Bourse aux États-Unis souligne la légèreté de leurs comptes. Sur les 19 sociétés cotées et donc contraintes de publier leurs informations financières, des insuffisances notoires sont relevées parmi les déclarations de 16 d'entre elles. Il faudrait déjà une comptabilité standardisée appliquée à tout cet univers pour y voir plus clair. Autre exemple effrayant au Royaume-Uni relevé par le Financial Times : 85% des sociétés cryptos qui souhaitent être enregistrées à la City échoueraient aux tests de l'autorité financière sur le blanchiment d'argent.
Plutôt que de les encadrer, beaucoup de pays ont déjà interdit les cryptomonnaies
Sans pour autant endiguer le phénomène : selon Fabio Panetta de la BCE, les faillites de FTX, et maintenant celle de Celsius, c'est un peu la bulle de la génération crypto qui éclate, mais il reconnait que leurs déboires ne sifflent pas la fin du jeu. Il faut, dit-il, que ces nouveaux acteurs acceptent une plus grande discipline et davantage de contrôle. Au Royaume-Uni, la loi encadrant les cryptomonnaies est en cours de finalisation. Les sociétés de crypto n'auront pas le choix, pour être présentes au Royaume-Uni, elles devront à terme accepter la règle du jeu déterminée par le Trésor britannique. En Afrique, deux tiers des pays africains ont émis des restrictions et six pays ont banni le bitcoin, c'est le cas entre autres du Cameroun et de l'Éthiopie. Mais cela n'empêche pas l'essor des cryptos, ces monnaies sont populaires sur le continent parce qu'elles pallient les carences du système monétaire. Plutôt que d'interdire, les autorités monétaires ont tout intérêt à réguler ce Far West de la finance où les perdants sont moins connus, mais beaucoup plus nombreux que les gagnants qui défraient la chronique boursière.
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La valeur des cryptomonnaies s'est effondrée cette année, leurs détenteurs ont-ils une chance de retrouver une partie des gains perdus?
Cela parait improbable dans l'avenir proche. Le bitcoin a perdu 60% de sa valeur depuis le début de l'année. Il a culminé à 70 000 dollars en 2021, aujourd'hui il vaut moins de 16 000 dollars, la faillite de FTX a précipité sa chute. Un analyste prédit le pire pour 2023, un bitcoin à 5 000 dollars. Il faut dire que les cryptos qui servent surtout à spéculer ont fait la preuve cette année de leur faiblesse quand la crise survient. Elles ne sont pas une valeur refuge, contrairement à l'or qui devrait attirer les investisseurs en raison des craintes de récession. Même si les perspectives sont assez sombres, des poids lourds de la finance croit encore en leur potentiel. Comme Goldman Sachs. La banque américaine a déjà racheté une dizaine de sociétés impliquées dans l'univers crypto et elle est aujourd'hui à l'affût des bonnes affaires. En France, une jeune pousse de la « tech » fait aujourd'hui son miel des abus commis par FTX. Ledger propose des portefeuilles sécurisés pour conserver ces monnaies numériques. Elle a réalisé un mois record en novembre avec l'afflux de nouveaux clients soucieux de sécuriser leur argent virtuel.

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