La communication des entreprises à l’épreuve du conflit israélo-palestinien
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Comment les entreprises doivent-elles communiquer sur le conflit israélo-palestinien ? La question met dans l'embarras de nombreux dirigeants, soucieux de ménager à la fois leurs salariés et leurs affaires.

Une question sans réponse évidente, qui se pose dans toutes les entreprises. Dans celles qui sont présentes dans la région, dans les multinationales, comme dans les entreprises installées dans un pays où le conflit est clivant au sein de l’opinion publique. Depuis quelques années, les dirigeants réagissent de plus en plus à l’actualité. Ils sont quasiment contraints de s’engager publiquement au nom de leur entreprise.
Pendant la pandémie, leurs salariés comme leurs clients voulaient savoir ce qu’ils pensaient du télétravail ou du vaccin. Ils ont aussi donné leur avis, suite à l’agression russe contre l’Ukraine. Et aux États-Unis, ils se sont même engagés en faveur du droit à l’avortement et du mouvement Black Lives Matter. Des causes qui unissent une majorité de citoyens. Mais avec cette nouvelle guerre entre l’État hébreu et le Hamas, l’exercice prend un tour beaucoup plus périlleux.
Démission
En témoigne la démission ce week-end de Paddy Cosgrave, le fondateur du Web Summit de Lisbonne, pour ses prises de positions trop hostiles à Israël. « Les crimes de guerre, écrit-il la semaine dernière sur X, sont des crimes de guerre même lorsqu’ils sont commis par des alliés et devraient être dénoncés pour ce qu’ils sont. » Les propos de ce ressortissant irlandais scandalisent la tech israélienne.
Immédiatement, les entreprises concernées annulent leur venue au salon prévu à la mi-novembre. Il s'excuse, comprenant un peu tard que son avis de citoyen met en péril le Web Summit. Mais malgré ses regrets, cela ne s’arrête pas là. Les multinationales emboîtent le pas à la tech israélienne. Intel, Siemens, Google, Meta – la maison mère de Facebook – se retirent à leur tour du Web Summit. Le mal est fait. On verra dans les prochains jours si la démission de Paddy Cosgrave sauve l’événement de l’accident industriel.
McDonald's dans une posture délicate
La branche israélienne a spontanément distribué des plateaux repas gratuits aux militaires de Tsahal. Une démarche condamnée par la rue arabe, des restaurants McDo ont été saccagés en Turquie. Et une démarche condamnée également par les filiales des pays arabes.
Elles se sont désolidarisées du geste de la franchise israélienne et prennent le parti des Palestiniens en promettant des dons pour subvenir aux besoins des habitants de la bande de Gaza. Des initiatives prises aussi bien dans le golfe, à Oman, en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis, qu'en Malaisie, en Turquie et au Liban. La maison mère de la chaîne de restauration rapide reste mutique, au nom de l’indépendance de ces filiales.
Ne pas réagir peut être contre-productif
McDonald's fait partie des entreprises les plus ciblées par les appels au boycott. Sur les réseaux sociaux, la liste des entreprises mises à l’index est déjà pléthorique : Coca Cola, Danone, Nestlé, Starbucks, KFC, L’Oréal, Disney y figurent, pour ne citer que les plus connues.
Ces marques sont parfois ciblées de longue date par le mouvement palestinien de boycott BDS, qui appelle à fuir les entreprises jugées trop proches d’Israël ou trop favorables à ses intérêts économiques. La liste a été actualisée avec la mention des propos ou des actes récents répertoriés depuis le début de cette nouvelle guerre de l'État hébreu contre le Hamas.
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