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Pourquoi l’énergie fossile est fêtée à la Bourse

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Les projets d’expansion dans les énergies fossiles mettent en péril la limitation du réchauffement à +1,5°C, prévient un nouveau rapport des Nations unies. C’est pourtant l’industrie des hydrocarbures qui a le vent en poupe sur les marchés.

La production de pétrole, de gaz et de charbon continue d'augmenter, mais va baisser plus tôt que prévu, assure l'AIE (photo d'illustration).
La production de pétrole, de gaz et de charbon continue d'augmenter, mais va baisser plus tôt que prévu, assure l'AIE (photo d'illustration). © AP/Mark Baker
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Celle des énergies renouvelables pique du nez. D’après l’indice Standard and Poor’s des énergies propres suivant les 100 entreprises les plus significatives du secteur, les actions sont en repli de 30% depuis le début de l’année et même de 50% depuis 2021. Tandis que l’indice Standard and Poor’s 500, qui scrute les entreprises des hydrocarbures, progresse. Il est même en forte hausse depuis cet été. Les investisseurs savent bien qu’à long terme le pétrole, le charbon et le gaz sont néfastes pour la planète et donc pour l’économie. Mais ce n’est pas la priorité du moment, ils privilégient les hydrocarbures parce qu’elles leur offrent des dividendes immédiats et juteux.

Les marchés ne croient pas au pic pétrolier annoncé pour 2030 par l’Agence internationale à l’énergie (AIE) ?

Le « peak oil », qui est perçu comme un pic de la consommation de pétrole, est une prévision. Elle varie donc régulièrement, au gré des informations disponibles sur l’offre et la demande d’énergies. Mais aussi en fonction des intérêts et des convictions des commanditaires de l’étude. L'AIE représente les pays occidentaux consommateurs de pétrole et est très engagée dans la décarbonation. D'après l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), le« peak oil » n’interviendra pas avant 2045. Et pour la première compagnie pétrolière américaine, Exxon Mobil, ce serait même 2050.

La guerre en Ukraine a fait grimper le cours du brut. Celle qui est en cours au Proche-Orient pourrait avoir le même effet. C’est dans ce contexte que les Américains Exxon et Chevron ont défrayé la chronique des offres publiques d'achat (OPA) en annonçant des méga acquisitions dans le gaz de schiste américain et le pétrole de Guyana, pour un montant total dépassant les 100 milliards de dollars. Les deux compagnies se préparent à un possible choc de la demande, en pensant très fort que les énergies renouvelables ne seront pas suffisantes pour y répondre.

Comment expliquer la contre-performance des énergies renouvelables à la Bourse ?

Cette industrie encore jeune est certes fortement subventionnée aux États-Unis comme en Europe, mais c’est aussi une industrie qui nécessite des investissements colossaux. C’est pourquoi la rentabilité n’est espérée qu’à très long terme. En attendant, il faut rembourser les dettes alors que les taux d’intérêt se sont envolés. Et supporter l’inflation des coûts. Deux phénomènes concomitants qui rognent leurs marges dans un univers hyper concurrentiel, où les Chinois ont une longueur d'avance, sur le solaire comme sur l’éolien. Même les champions chinois ont vu leurs profits se tasser au troisième trimestre. À la veille de la COP28, le message envoyé par les marchés vient conforter le lobby des énergies fossiles et saper les arguments des scientifiques.

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