Hommage à la chanteuse française, disparue en début de semaine, à travers ses Fabulettes qui ont mis en scène de nombreux animaux. Féministe, Anne Sylvestre était aussi écologiste.

À l’époque, dans ces années 1970 très giscardiennes, il fallait choisir. Comme on était Rolling Stones ou Beatles, on était Anne Sylvestre ou Chantal Goya. Les puristes de la chanson française, même âgés de 4 ans, avaient choisi l’auteure des Fabulettes, ces chansons pour enfants qu’écoutaient aussi leurs parents, aux textes et aux arrangements musicaux exceptionnels.
Bon nombre d’entre elles mettent en scène des animaux, prétextes à des jeux de mots. Il y a le hérisson : « Hérisson, son, son / Hérissonne sonne vêpres / Hérissonne donc / Hérisson en large en long ». Ou la tortue : « Tortue, pourquoi te tais-tu ? / Tortue, tu es têtue ». « C’est génial !, se souvient Sylvain Richardot du groupe Chanson plus bifluorée, auteur de l’album pour enfants Y a des animaux dans mes chansons. Faire sonner les mots et les consonnes des noms des animaux, ça plaît aux enfants, le fait qu’on rigole avec les animaux. »
Une éducation musicale, lexicale et écologique
Avec le coucou, Anne Sylvestre va même plus loin : elle le traite de « fameux voyou » parce qu’il se « vautre » dans le nid des autres. Et si elle se moque des pigeons (« J’aime pas les gros pigeons / Qui me font caca sur la tête / J’aime pas les gros pigeons / Leurs pattes sales, leurs yeux ronds »), c’est parce qu’elle « aime les petits moineaux / C’est les jolis oiseaux des villes / J’aime les petits Pierrot / Qui ont du marron sur le dos »
Les oiseaux ont une place à part dans les Fabulettes pas bêtes d’Anne Sylvestre. Les oiseaux « migrateurs / Les grands voyageurs / Ils savent toujours quand c’est l’heure / D’aller retrouver la chaleur / Une boussole dans le cœur ». Les Fabulettes d’Anne Sylvestre sont une éducation musicale, lexicale et écologique. On joue avec les mots, on joue avec les animaux, et on apprend d’eux et sur eux, comme dans Petit oiseau tombé du nid : « Personne ne te touchera / Car si on faisait ça / Ta mère ne te voudrait plus / Et tu serais perdu ». Leçons de nature et de vie, liées à une vraie conviction. « Anne était une militante écologique, rappelle Sylvain Richardot. Avec ce sentiment de respect de la nature, des saisons… »
« La part de rêve des animaux »
Mais pourquoi les animaux occupent-ils une telle place dans les Fabulettes, comme dans beaucoup d’autres chansons et comptines, livres et films pour enfants ? Ils sont pour les plus petits une première représentation du monde, un monde qui garde sa part de rêve. « Les animaux sont très proches des enfants, analyse Sylvain Richardot. Les animaux ne parlent pas, ont de l’instinct, comme les enfants. Les animaux représentent cette part de rêve et cette part d’instinct, cette part de nature que souvent les enfants perdent en devenant plus grands. » Ils ne perdent pas, en revanche, le souvenir des Fabulettes.
L’élection de VGE, en 1974, coïncide avec la première candidature écologiste à une présidentielle en France, celle de René Dumont. L’époque est au flower power. Et son septennat est marqué par la création du Conservatoire du Littoral et la première grande loi sur la Protection de la nature.
Oui, mais voilà, VGE aimait aussi la chasse. Tuer des animaux. En particulier en Centrafrique, le pays de son ami Jean-Bedel Bokassa. Giscard avait ses habitudes, alors qu’il n’était encore que ministre des Finances. Chaque année. Tous frais payés. Avec terrain de chasse réservé de 2000 kilomètres carrés. Selon JBB, VGE et sa suite auraient tué 150 à 200 éléphants. Jusqu’à la chute de l’empereur, chassé par Giscard lui-même.
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