C'est dans ta nature

Comment les oiseaux marins affrontent-ils les tempêtes?

Publié le :

Dans les océans, les vents violents ne sont pas forcément les pires ennemis.

Un fou de Bassan survole la mer du Nord.
Un fou de Bassan survole la mer du Nord. dpa/picture alliance via Getty I - picture alliance
Publicité

Quand la tempête souffle, les oiseaux marins souffrent. Après le passage de Ciaran, au début du mois de novembre, avec une pointe enregistrée à plus de 200 km heures à l’extrémité de la Bretagne, des centaines d'oiseaux ont été retrouvés morts dans l’ouest de la France, d'autres blessés, soignés par la Ligue pour la protection des oiseaux, en particulier des Fous de Bassan et des Océanites Tempête, le plus petit des oiseaux marins d’Europe.

« Certains avaient des fractures, des blessures apparentes, témoigne Romain Morinière, le directeur de la station LPO de l'Ile Grande, dans le nord-ouest de la Bretagne. Mais pour beaucoup, c'était un état de fatigue généralisé dû à la tempête, et ces animaux ont lutté contre des vents violents qui les ont poussés dans les terres. On est vraiment sur des espèces pélagiques, qui vivent en haute-mer, qui ne rentrent pas dans les terres, qui viennent à terre juste pour nicher mais sur certaines îles bien particulières, loin de l’Homme, loin du dérangement. »

Morts de faim

Ailleurs en Bretagne, on a observé des mouettes qui ne vivent qu'au Canada et au Groenland, emportées par les vents au-dessus de l'Atlantique. Des chercheurs japonais, récemment, ont rapporté le calvaire d'un puffin, équipé d’une balise GPS, piégé à tourner pendant une dizaine dans un typhon auJapon, jusqu’à 170 km/h et 4 700 mètres d'altitude. Il en est ressorti vivant.

Contrairement à une idée reçue, ce n'est pas le vent violent qui tue les oiseaux en plein océan, mais la faim, comme la montré en 2021 une étude du CNRS sur les oiseaux marins de l’Atlantique nord. « Dans un cyclone, les espèces de petite taille, comme les macareux ou les guillemots ne peuvent plus voler du tout. Ils sont bloqués à la surface de l’eau. Ils sont pris dans une espèce de grande machine à laver, et ils ne vont pas pouvoir se nourrir, explique l'océanographe français David Grémillet, chercheur au CNRS et coordinateur de cette étude menée par Manon Clairbaux. Les oiseaux doivent adapter leur réserve de graisse à ce que peuvent porter leurs petites ailes, et quand il s’agit d’un macareux, ça ne va pas faire beaucoup de grasse sous-cutané, et s’il ne se nourrit pas pendant deux ou trois jours, il va mourir d’inanition. »

Hécatombe invisible

Et si les oiseaux ne meurent pas forcément, ils risquent l’auto-intoxication en raison des polluants accumulés. « Si les oiseaux doivent remobiliser les quelques réserves lipidiques dont ils disposent, c’est à ce moment-là que les polluants qui sont stockés dans ces graisses vont être eux-mêmes remobilisés, comme le mercure, ce qui risque d’intoxiquer les oiseaux qui sont en train de jeûner, poursuit David Grémillet. Les tempêtes en elles-mêmes peuvent être supportables pour les oiseaux, mais si ça vient s’ajouter à tout un tas de stress, ç'aura forcément une incidence très négative sur les tailles de populations. »

Les stress qui menacent les oiseaux marins sont bien identifiés : la pêche industrielle, et ses filets mortels, et le réchauffement climatique qui diminue la quantité de poisson disponible dont se nourrissent les oiseaux de mer. Une étude publiée en 2015 a fait les comptes d’une hécatombe invisible : entre 1950 et 2010, la population mondiale des oiseaux marins a baissé de 70% - plus de 200 millions d'oiseaux portés disparus en mer.

« Qu’est-ce qu’une chimère ? »

En biologie, c’est le croisement, l’hybridation, de deux espèces. Des chercheurs chinois ont donné naissance à un singe, un macaque, dont des cellules ont été modifiées avec des gènes de méduses. Résultat : dans des photos publiées cette semaine, on voit un singe fluorescent, comme les méduses dans la mer… Le macaque a les doigts et les yeux verts. Ce n’est pas pour faire joli, ou bizarre, mais pour repérer les cellules modifiées, et faire progresser la médecine. Le bien-être animal passe après celui des humains. Le petit singe fluo n’était pas en bonne santé, et dix jours après sa naissance, on l’a euthanasié. 

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes