Chronique des médias

TikTok, la mauvaise réputation

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La plateforme chinoise TikTok est passée cette année d’une image plutôt « tendance » à une réputation controversée auprès des médias, en France comme aux États-Unis. 

La maison mère de la plateforme TikTok, ByteDance, est en théorie soumise au contrôle du pouvoir chinois.
La maison mère de la plateforme TikTok, ByteDance, est en théorie soumise au contrôle du pouvoir chinois. © Dado Ruvic / REUTERS
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On a pu pointer cette année, de Magali Berdah à Norman Thavaud, la toxicité d’influenceurs qu’on encensait hier. Et si TikTok, riche aussi en influenceurs – autour de courtes vidéos musicales, humoristiques ou de danse –, risquait à son tour de tomber de son piédestal ? C’est ce qu’on lit en filigrane dans la presse depuis le 23 décembre. C'est le jour où ce réseau chinois, incontournable auprès des 13-18 ans et consulté chaque jour par 9 millions de Français, a reconnu qu’il avait transmis des données ayant permis d’identifier par géolocalisation les sources de journalistes de BuzzFeed et du Financial Times qui enquêtaient sur sa maison mère ByteDance.

Cela tombe d’autant plus mal que la plateforme ne cesse de se dire soucieuse de la protection des données de ses utilisateurs et du respect de la sécurité, à l'heure où qu’une enquête fédérale américaine a cherché à clarifier les liens de TikTok avec les autorités chinoises. Le 28 décembre, les parlementaires américains ont reçu l’ordre de désinstaller cette application de leurs smartphones professionnels.

À l’heure de la guerre en Ukraine, rien ne doit être laissé au hasard. Emmanuel Macron a lui-même mis en cause TikTok pour la censure de la cause ouïghoure et sa capacité à propager de la propagande russe. Fin novembre, l’Arcom, le régulateur français, a constaté que TikTok faisait preuve d’une grande opacité dans sa lutte contre la désinformation. Si les informations provenant de médias ukrainiens étaient spécifiées comme venant de sources affiliées à un État, ce n’était pas le cas des vidéos de la télévision chinoise.

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Une réalité neuroscientifique aggrave la mauvaise réputation du réseau 

C'est encore pire pour TikTok. La plateforme n’est plus seulement vue comme l’application-star des ados, avec ses séquences de 15 secondes et ce langage que les rédactions s’efforcent de maîtriser. Elle est aussi perçue comme problématique en raison de la forte addiction qu’elle suscite chez les plus jeunes et de ses effets sur le cerveau.

TikTok est « un vrai danger pour le cerveau des enfants » a titré le quotidien Le Parisien, en particulier parce que ses utilisateurs ont souvent moins de 13 ans, le supposé âge minimal. À l'aube de l'adolescence, le cerveau n’a pas terminé sa formation et les vidéos courtes, avec leur accroche au bout de quelques secondes, vont limiter la capacité de concentration de ses utilisateurs les plus jeunes et donc entraver leur réussite scolaire. 

TikTok qui, à la différence de Google ou Meta (groupe Facebook), n’a pas commencé à payer des droits d’auteurs ou à financer des médias. Son lobbying au pays de l’exception culturelle a pris la forme d’un soutien au Festival de Cannes. Mais, selon le Le Figaro, cet appui passe mal auprès de SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques).

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