Chronique des médias

Saadé et Kretinsky, figures montantes des médias

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Deux grands patrons européens affichent de grandes ambitions dans les médias : Rodolphe Saadé, de CMA CGM, et Daniel Kretinsky qui vient de signer un accord d’exclusivité avec Vivendi pour négocier le rachat d’Editis.

Daniel Kretinsky (g) et Rodolphe Saadé (d).
Daniel Kretinsky (g) et Rodolphe Saadé (d). © AFP/Thomas Samson/AP Photo/Thibault Camus
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C’est un signe qui ne trompe pas. Rodolphe Saadé et Daniel Kretinsky ont eu droit chacun, cette semaine, à leur portrait dans Les Échos ou Le Figaro. Des portraits où Xavier Niel est cité, avec des mots qui valent adoubement. Niel voit dans le Tchèque Daniel Kretinsky, 47 ans, un homme jeune qui n’est pas prêt à jouer « le pigeon de service », un compliment pour lui. Et à propos du Franco-Libanais Rodolphe Saadé, 53 ans, « je l’apprécie, c’est quelqu’un de clair, droit, on peut évoquer tous les sujets », dit le fondateur de Free, actionnaire du Monde et nouveau parrain du capitalisme français. Il n’en disait pas autant l’an dernier lorsqu’il disputait au patron de CMA-CGM le contrôle du quotidien La Provence. Saadé l’avait alors emporté dans sa bataille judiciaire pour contrôler le journal en proposant quatre fois le prix de son rival.

Aujourd’hui, cinquième fortune en France, Saadé a fait tripler le chiffre d’affaires de CMA-CGM en cinq ans, à 75 milliards de dollars, après l’explosion des prix du transport maritime. Ce n’est plus un boss que l’on chagrine, mais que l’on courtise. Le gouvernement ne s’en prive pas, et ce, alors que son groupe enregistre de superprofits que certains veulent taxer. Car Saadé affiche des ambitions dans les médias. L’an dernier, il a cherché à racheter M6 avec Stéphane Courbit et Marc Ladreit de Lacharrière. Et il regardera le dossier dès que Bertelsmann voudra de nouveau s’en dessaisir. Après tout, il possède déjà 9% du capital de la chaîne, il est actionnaire du groupe de production de Stéphane Courbit (FL Entertainment), et – tiens – il vient de s’entendre avec Xavier Niel pour investir 40 millions d’euros dans le média en ligne Brut. Est-ce que cette entente s’arrêtera quand Saadé repartira à la conquête de M6 que convoite Niel ? C’est toute la question.

De son côté, Daniel Kretinsky, coactionnaire passif du groupe Le Monde, propriétaire de Marianne, de Elle, de Télé 7 Jours ou de Franc-Tireur, possède 8% du groupe TF1. Pour cet industriel de l’énergie qui a fait fortune en pariant sur les centrales à charbon en fin de vie, l’investissement dans les médias entend compenser son lourd bilan carbone. Il est en passe de racheter Editis, le numéro 2 de l’édition en France, que Vivendi doit revendre pour ne garder que Hachette. Avec des maisons aussi célèbres que Nathan, Bordas, Julliard, Plon ou Robert Laffont, Daniel Kretinsky va porter son empire de papier près du milliard d’euros de chiffre d’affaires. Et l’édition est peut-être mieux que la presse en termes d’influence. Il n'est pas un journaliste, un politique qui ne songe pas à publier un livre…

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