Uranium: le spectre d’une pénurie fait monter les prix
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Serait-on en train de tourner la page de la catastrophe nucléaire de Fukushima ? Le marché de l’uranium est en plein frémissement avec de nombreuses transactions physiques de combustible…
Un produit qui vient à manquer devient généralement cher… et c’est ce qui semble se passer sur le marché de l’uranium. D’une situation de surplus on s’achemine aujourd’hui vers une situation de déficit, résume un expert. Et cela réveille évidemment les marchés plutôt déprimés depuis la catastrophe de Fukushima.
Résultat : le prix spot, pour une livraison immédiate – qui est un prix qui donne la tendance même s’il ne représente que 10 à 15 % des achats d’uranium –, a passé le cap des 40 dollars la livre. Un prix jamais atteint depuis 2014.
La transition énergétique profite au nucléaire
Si les prix sont à la hausse, c’est que la demande prévue ne fait que croître. La Chine se positionne comme le nouvel acheteur dans le secteur avec 18 nouveaux réacteurs en construction et 37 autres en projet. Le nucléaire fait partie intégrante du plan énergétique de l'empire du Milieu qui, comme la planète entière, travaille à la production d’énergie décarbonée. Ailleurs dans le monde les constructions en cours se montent à une quarantaine sans parler des projets à l’étude.
Pour satisfaire ces besoins à venir en combustible, la production va devoir suivre. Or ces deux dernières années, les compagnies minières ont suspendu ou réduit leur production d’uranium. Ce ralentissement d’activité a pu être compensé et l’est toujours, par des prélèvements sur les stocks. Mais du coup les réserves ont baissé et comme la production n’a pas encore repris son rythme de croisière, la demande va vite se heurter à un combustible trop rare.
Le géant kazakh inquiet pour ses stocks achète lui aussi de l’uranium
Dans ce contexte on assiste à des achats massifs d’uranium physique : « Tout le monde achète sur le marché spot, les majors comme les juniors, en plus des électriciens et des traders traditionnels, des investisseurs et des banques… », résume un de nos interlocuteurs. Ainsi le géant Kazatomprom, premier producteur mondial, s’est retrouvé contraint d’acheter à plusieurs reprises de l’uranium sur le marché spot ces dernières semaines pour honorer ses livraisons.
L’entreprise kazakhe n’exclut pas de renouveler l’opération d’ici la fin de l’année pour réapprovisionner ses stocks. L’investisseur Sprott a lui acheté physiquement plus de 500 000 livres d’uranium en une seule journée début septembre, pour atteindre un stock de 24 millions de livres. Des transactions qui en disent long sur l’avenir qui se dessine et qui ne peuvent que faire monter les cours…
D’autant que Kazatoprom a annoncé en juillet maintenir sa production de 2023 au même niveau que celle de 2021 et 2022, soit 20 % de moins que ses capacités.
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