Chronique des matières premières

Cours du porc à la baisse en Europe: un effet domino parti de Chine

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Après deux ans d’une conjoncture positive et de cours porcins rémunérateurs, les éleveurs français et européens traversent désormais une période difficile. Les cotations françaises sont en recul depuis plus de deux mois, et ce n’est pas la seule source d’inquiétude. 

Avec l'arrêt des importations de viande porcine vers la Chine, l'Europe est contrainte de baisser ses prix, tandis que les prix de l'alimentation de leur élevage a fortement augmenté.
Avec l'arrêt des importations de viande porcine vers la Chine, l'Europe est contrainte de baisser ses prix, tandis que les prix de l'alimentation de leur élevage a fortement augmenté. Getty Images - jmsilva
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« Ça dévisse », souffle Philippe Chanteloube, directeur de la coopérative Cyrhio, en jetant un dernier coup d’œil à son téléphone portable. En cause : le repli de la demande chinoise.

« Les pays exportateurs européens ne peuvent plus vendre vers la Chine. C’est le cas en particulier de l’Espagne », premier exportateur européen de porc vers la marché chinois. Conséquence : « Du jour au lendemain, l’Espagne a rebasculé sa marchandise vers le marché européen provoquant une spirale de baisse des cours », explique le directeur de la coopérative.

L’Empire du Milieu a considérablement réduit ses achats alors qu’il avait fortement augmenté ses importations depuis les ravages de la peste porcine. « C’est très compliqué aussi pour les éleveurs chinois au niveau du prix, explique François Valy, président de la Fédération nationale porcine. Donc l’État a décidé de fermer les importations pour faire remonter le prix intérieur et quand il sera remonté chez eux, ils rouvriront. »

Effet ciseaux

Pourquoi cette baisse des prix en Chine ? Les informations sur la production du pays sont parcellaires, mais Jean-Paul Simier, économiste spécialiste des marchés agricoles et collaborateur du rapport Cyclope, « ne pense pas que la production chinoise remonte ». Son hypothèse : c’est plutôt que beaucoup de cheptels sont liquidés en lien avec des problèmes sanitaires et à une augmentation du coût de production. « Il y a donc beaucoup de porcs qui arrivent sur le marché. » Le porc européen perd de fait de son aura.

Double peine pour les éleveurs, le prix de l’alimentation augmente aussi en Europe. « La Chine a acheté beaucoup de soja, de maïs, de blé. Tout le monde achète, donc les cours sont à la hausse », relate Philippe Chanteloube. Et d’ajouter : « Pour l’instant, on ne voit pas la fin de la baisse d’un côté et de la hausse de l’autre. »

Avec cet effet ciseaux, l’activité n’est déjà plus rentable pour les éleveurs français. François Valy a fait les comptes : « Sachant que 70 voire 75% de nos charges sont alimentaires, il manque en moyenne 30 euros par porc pour équilibrer. »

Difficile de dire combien de temps cela va durer. Jean-Paul Simier estime en tous cas que si à court terme, la Chine a réduit ses achats, sans doute pour plusieurs mois, elle devrait rester structurellement déficitaire. À moyen ou long terme, elle pourrait donc redevenir importatrice de porcs.

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