L'envolée du prix du gaz compromet la production des engrais en Europe

Yara, le plus grand fabricant mondial d’engrais cristallisés, subit les conséquences de l’envolée du prix du gaz. L’entreprise norvégienne a décidé de réduire sa production en Europe.

Il y a une semaine, le ministère russe de l’Industrie a recommandé à ses producteurs d’engrais de suspendre temporairement leurs exportations, évoquant le « sabotage » d’entreprises étrangères entravant le transport de ce produit. © CC0 Pixabay/Samuel Faber

Yara donne peu de détails, l’entreprise annonce juste qu’elle va réduire temporairement l’activité de son usine au Havre en France et celle de Ferrara en Italie, en raison de la flambée du prix du gaz. Ce dernier représente en effet 90% des coûts de production des engrais minéraux. L’entreprise norvégienne a déjà réduit sa production provisoirement pour les mêmes raisons en septembre dernier.

La dernière décision de Yara de réduire son activité sur les deux sites en Europe ne fait qu’accentuer les craintes d’une pénurie des engrais dont les prix ont de nouveau flambé avec la guerre en Ukraine. Le monde agricole s’inquiète également des répercussions du conflit en Ukraine. La Russie est un grand fournisseur d’engrais azotés pour l’Union européenne, le pays assure 30% des besoins de l’Union. Par ailleurs, la Russie est un acteur incontournable : sa production représente un quart des échanges mondiaux. Une réduction, voire une rupture des approvisionnements russes, est tout à fait envisageable.

Il y a une semaine, le ministère russe de l’Industrie a recommandé à ses producteurs d’engrais de suspendre temporairement leurs exportations, évoquant le « sabotage » d’entreprises étrangères entravant le transport de ce produit. Un vrai casse-tête pour le monde agricole, qui est déjà confronté à une hausse généralisée des coûts de production.

En France, si les stocks d’engrais pour cette année sont déjà assurés, ce sont les achats pour la saison 2023 qui inquiètent les agriculteurs. Une situation qui pourrait les inciter à utiliser moins d’engrais l’an prochain, avec le risque de voir chuter les rendements des champs. L’entreprise Yara s’alarme de son côté depuis plusieurs mois sur les risques de cette envolée des prix qui pourrait, à terme, menacer la sécurité alimentaire mondiale.