Chronique des matières premières

Stocks pétroliers libérés: un petit répit pour les prix

Publié le :

Pour la troisième fois depuis le début de l’année les pays membres de l’AIE (Agence internationale de l’Énergie) ont décidé de puiser dans leur stock stratégique de pétrole. Objectif, contenir les prix, dans un contexte d’incertitude sur le devenir de l’offre pétrolière russe.

Le pétrolier Minerva Virgo, amarré au terminal pétrolier de  Bayonne dans New Jersey (États-Unis) après avoir quitté un port russe à peu près au moment où le pays a envahi l'Ukraine fin février. (Image d'illustration).
Le pétrolier Minerva Virgo, amarré au terminal pétrolier de Bayonne dans New Jersey (États-Unis) après avoir quitté un port russe à peu près au moment où le pays a envahi l'Ukraine fin février. (Image d'illustration). REUTERS - BJOERN KILS
Publicité

En l’espace d’une semaine, les États membres de l’AIE ont annoncé libérer 240 millions de barils de leur stock stratégique. Ajoutées à une possible baisse de la demande chinoise en raison notamment du confinement de Shangaï, ces annonces plaident pour une détente des cours.

Mais l’effet pourrait ne pas être si spectaculaire que cela. On ne sait pas quand, précisément, chaque pays se conformera à la décision et combien de temps il faudra techniquement à chacun pour libérer des réserves qui sont parfois détenues par des compagnies privées.

Mais aussi parce que ces annonces ne répondent pas à une situation de pénurie à proprement parler. Mais plutôt à une crainte de la diminution de l’offre russe. Or pour l’instant, la production et les exportations russes ont manifestement très peu baissé. Ce qui est moins acheté par les Européens est récupéré en grande partie par les Indiens, les Chinois, les Japonais ou les Coréens qui procèdent à des achats, explique Philippe Sebille-Lopez, analyste énergétique indépendant au sein du cabinet Géopolia. Il n’y donc pas à ce stade de réel déficit à compenser.

Déstocker peut être dangereux

Libérer des stocks n’est par ailleurs pas la panacée : si cela rassure temporairement le marché, cela peut aussi le crisper. Un État qui a moins de stock devient plus vulnérable. « Déstocker, c’est être plus exposé aux fluctuations de l’offre et donc dangereux », résume Pierre Terzian, directeur de la lettre hebdomadaire Petrostratégie.

C’est sans doute une des raisons qui fait que les États membres de l’AIE n’ont pas voulu libérer plus de volume alors que les réserves mises en commun avoisinent un milliard et demi de barils. Si les États-Unis ont annoncé à eux seuls un déstockage trois fois plus élevé que les autres pays réunis, c’est d’une part qu’ils détiennent la moitié des réserves stratégiques de l’AIE, et probablement aussi pour des raisons politiques : les élections de mi-mandat arrivent en novembre.

Ouvrir les stocks, c’est dire aux consommateurs « on s’occupe de votre pouvoir d’achat ». La communication fait partie elle aussi de l’effort de guerre.

► À lire aussi : Pétrole: les barils russes pourront-ils être remplacés?

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes