Chronique des matières premières

Guerre en Ukraine: tension sur le marché des semences

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L'approvisionnement en semences des agriculteurs ukrainiens s'annonce compliqué pour les deux prochaines années au moins. Une mauvaise nouvelle pour les récoltes à venir.

À ce stade, les prévisions des acteurs de la filière annoncent une récolte 2022 en Ukraine qui atteindra au mieux 60% de la production habituelle.
À ce stade, les prévisions des acteurs de la filière annoncent une récolte 2022 en Ukraine qui atteindra au mieux 60% de la production habituelle. © CC0 Pixabay/Contributeur
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L’Ukraine produit les deux tiers de ses semences et en importe un tiers, en grande partie de France. L’Hexagone expédie des semences commerciales destinées directement à produire des grains et des semences dites de base qui sont destinées à être multipliées pour produire des semences vendues l’année suivante.

Or, les livraisons de ce tiers de semences françaises ont été stoppées au tout début de la guerre. Elles ont depuis repris et, selon les derniers chiffres de l’Union française des semences arrêtés fin mars – estimations à prendre avec des pincettes tant ces chiffres peuvent évoluer –, 75% des semences de maïs et de tournesol, 90% de celles de betteraves et 50% des potagères ont franchi la frontière et sont désormais sur le territoire ukrainien.

Difficile de savoir, en revanche, le pourcentage qui est arrivé chez l’agriculteur, que l’on parle de semences importées ou locales. Selon l’UFS, 60% des semences de maïs et 90% de celles de tournesol seraient arrivées à bon port ou au moins chez des distributeurs locaux. L’autre inconnue est de savoir si elles pourront être utilisées, car les agriculteurs sont confrontés à un problème de carburant et de main-d’œuvre.

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Moins de semences en 2023 et donc moins de récolte

À ce stade, les prévisions des acteurs de la filière annoncent une récolte 2022 en Ukraine qui atteindra au mieux 60% de la production habituelle.

Et il faudra du temps pour revenir à la normale. Le pays risque de se retrouver avec 50% de semences en moins d'ici à l'année prochaine, notamment parce que certains agriculteurs vont donner la priorité à la culture elle-même plutôt qu’à la multiplication de semences. Donc, même si les agriculteurs peuvent retourner dans leur champ en 2023, ils seront limités en production.

Le pays est entré dans un « tunnel de deux ans a minima », voire plus, selon Claude Tabel, président de l’UFS, qui perturbera la filière des semences et le marché international si l’Ukraine ne peut plus exporter les volumes de ces dernières années.

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Les semenciers français pourraient aider l’Ukraine en 2024

Les entreprises françaises du secteur devraient voir leurs chiffres d’affaires baisser de 20%, selon l’UFS. Mais le risque financier qui pèse reste difficile à évaluer, car souvent une partie des semences achetées est payée après la récolte.

La filière des semences françaises attend des mesures d’accompagnement urgentes pour aider les entreprises de l’Hexagone. Car l’objectif est de pouvoir sécuriser et garantir la production de semence en France en 2023, afin notamment d’aider les Ukrainiens à s’approvisionner en semences de tournesol en 2024.

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