Chronique des matières premières

Le malt français en péril

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Un cinquième des bières brassées dans le monde le sont avec du malt français. Mais aujourd’hui la filière appelle au secours : les coûts de l’énergie nécessaire à transformer l’orge en malt sont tels que la compétitivité du malt bleu blanc rouge est en jeu. 

Cette photo prise le 1er octobre 2018 montre du malt prélevé dans un récipient de germination à la malterie de Malteurop à Geelong, à quelque 70 km de Melbourne.
Cette photo prise le 1er octobre 2018 montre du malt prélevé dans un récipient de germination à la malterie de Malteurop à Geelong, à quelque 70 km de Melbourne. ©William WEST/AFP
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Rares sont ceux qui le savent, mais votre bière a une chance sur cinq d’avoir été fabriquée avec du malt français, obtenu à base d’orge cultivé dans l’Hexagone. La France exporte 85% du malt qu’elle produit, ce qui en fait le premier exportateur mondial, que ce soit vers l’Asie, l’Afrique ou l’Amérique du Sud.  

Mais cette première place dont sont très fiers les malteurs français risque d’être difficile à tenir encore longtemps. Car le processus de séchage – maltage – des grains d’orge, est une opération très gourmande en énergie. Avec des coûts qui ont été multipliés par deux, au moins, les malteurs européens et en particulier français vont forcément devoir être plus chers que leurs concurrents américains ou australiens, impactés par une hausse plutôt de l’ordre de 30% seulement. 

La qualité ne fait pas tout

Et même si le malt français est réputé pour sa qualité, et permet une productivité maximum des brasseries, « à un certain niveau de prix, les brasseurs risquent de mettre la qualité de côté » quitte à limiter la performance de leurs usines, craignent les Malteurs de France, syndicat qui regroupe les trois acteurs majeurs que sont Boortmalt-Axéréal, Malteurope-Vivescia, et Soufflet In Vivo.  

Ces derniers mois, la filière avait déjà souffert de l’augmentation des cours de l’orge. Mais la tendance était mondiale et tout le monde logé à la même enseigne. Mais la charge des coûts de transformation des grains, elle, en revanche, est inégale pour les malteurs. Elle dépend notamment des aides gouvernementales face à la crise énergétique. 

Une industrie qui aimerait être entendue

Or en France, elles sont très en deçà de ce qu’offre par exemple l’Allemagne à ses industriels, et surtout elles sont conditionnées à une perte d’activité. « Il faut être en train de mourir pour prétendre aux aides », déplore notre interlocuteur. Les malteurs français préviennent : si la filière malt est en difficulté, c’est toute la filière orge qui risque d'en pâtir. 1,8 million de tonnes d’orge sont en effet transformés chaque année en France pour produire 1,5 million de tonnes de malt. 

Le marché étant très demandeur, les industriels n’ont pas de stocks sur lesquels ils pourraient s’appuyer en attendant que les coûts du gaz et de l’électricité redescendent. « Nous sommes un marché de volume, avec des usines qui tournent du 1er janvier au 31 décembre », explique Jean-Philippe Jélu, président des malteurs de France.

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