Agrumes de Méditerranée: la production malmenée
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La filière des agrumes de Méditerranée sera déficitaire pour cette campagne. Durement éprouvé par les anomalies climatiques le secteur espère échapper à un deuxième fléau : l’épidémie du dragon jaune qui a déjà ravagé les vergers de Floride.

Avec 21 millions de tonnes annoncées, la production méditerranéenne 2022/2023 sera une des plus basses de ces dernières années -15 % par rapport à l’année dernière. En cause, des sécheresses trop longues, et des coups de gel au mauvais moment dans plusieurs pays qui comptent sur le marché. Au moins quatre d’entre eux voient leur production reculer significativement : l’Espagne, le Maroc, l’Italie et la Turquie.
L’Espagne et le Maroc touchés au cœur des vergers
Pour le premier exportateur mondial, l’Espagne - qui réalise 25% des échanges mondiaux - c’est la dégringolade, selon la cellule d’analyse économique Fruitrop.
Le Maroc réalise lui aussi son pire niveau de production depuis une dizaine d’années, soit -33 % par rapport à l’année record de l’année dernière. Là aussi par manque d’eau, avec des nappes phréatiques trop basses et des barrages qui affichent un niveau de remplissage trop faible pour répondre aux besoins.
Sur le papier, l’Égypte, qui elle devrait atteindre un record de production, aurait pu compenser le défaut de production du bassin méditerranéen, mais les qualités offertes sont très différentes et ne peuvent se substituer aux fruits d’Espagne ou d’Italie.
En conséquence, les prix à l’importation sur le marché européen sont plus élevés que l’année dernière en particulier pour les petits agrumes - Clémentine : +22% et Citron : +23% -, et qui le resteront jusqu’aux printemps probablement.
En contrepartie, cette hausse permet de revenir à des prix plus proches des coûts de production, mais la rémunération des producteurs reste toujours insuffisante, pointe Eric Imbert chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).
La menace du dragon jaune
Après avoir affronté la sècheresse, les producteurs européens pourraient avoir à livrer bientôt peut-être un autre combat : celui contre le dragon jaune - appelée aussi greening - une maladie qui a ravagé les orangers de Floride ces quinze dernières années. La production d’oranges y est passée de 10 millions de tonnes à 1,1 million de tonnes, la production de pomelos, d’1,6 million de tonnes à 0,2 million de tonnes.
Un risque majeur d’épidémie en Méditerranée n’est pas à exclure, viennent d’alerter des chercheurs dans une étude publiée dans la revue Frontiers. Ils ont découvert qu’un insecte déjà présent depuis cinq ans en Espagne pouvait être un vecteur de la forme la plus virulente de la maladie. Les conséquences d’une éventuelle épidémie seraient immenses, car l’hiver l’Europe dépend à 100 % des agrumes de Méditerranée.
►À écouter aussi : Agrumes: une bulle de prix qui ne devrait pas durer
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