Le prix du sucre atteint son plus haut niveau depuis dix ans
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Les prix du sucre ont atteint leur plus haut niveau depuis dix ans. En cause, des récoltes de canne à sucre médiocres dans plusieurs pays.
Le sucre a atteint ces derniers jours son plus haut niveau depuis 2012 à la bourse de Londres, et son plus haut niveau depuis plus de 6 ans à la bourse de New York. Des hausses en lien direct avec les mauvaises nouvelles venues des champs de canne à sucre.
La production du géant indien est en effet régulièrement revue à la baisse depuis le début de la campagne en novembre. Selon les dernières estimations, elle ne devrait pas dépasser 33 millions de tonnes contre 36 l’année dernière, mais ce chiffre pourrait encore baisser. Pour cette récolte, l’Inde avait délivré un quota d’exportation de 6 millions de tonnes. Certains espéraient qu’il soit revu à la hausse, mais la probabilité est de plus en plus faible que cela se produise.
Dans la même région, la Thaïlande, troisième producteur mondial, déçoit également. Et comme en Inde, une plus petite récolte veut dire là-bas aussi des usines de transformation qui ferment plus tôt dans la saison, faute d’approvisionnement.
La Chine va devoir importer plus
La Chine qui est un des plus gros consommateurs de sucre au monde, s’attend à une récolte au plus bas depuis 7 ans, avec 500 000 tonnes en moins que l’année précédente en raison notamment de la sécheresse. L’Empire du Milieu va donc devoir combler un déficit record en sucre et importer plus que d’ordinaire.
« Il y a un consensus de mauvaises nouvelles », résume Karim Salamon chef analyste de Wilmar Sucre, qui évoque aussi la situation du Mexique où la récolte en cours affiche un rendement très bas. Or le Mexique exporte chez son voisin américain, qui va donc devoir combler le manque par des achats sur le marché mondial, explique l’expert. Une donnée qui n’aide pas les cours du sucre à se détendre.
Brésil : une bonne récolte difficile à exporter
La production du Brésil s’annonce à l’inverse de celle des autres producteurs, historiquement haute - entre 36 et 40 millions de tonnes selon les analystes -, mais les énormes récoltes de soja et de maïs mobilisent plus que d’ordinaire les moyens logistiques - transport, stockage - du pays. Les exportations de sucre d’avril, mai et juin pourraient en pâtir au risque de créer un sentiment de manque sur le marché.
Autre paramètre qui pourrait contribuer à maintenir les cours : le rétablissement de la taxe sur les carburants qui avait été supprimée sous la présidence de Jaïr Bolsonaro, à la veille des élections générales. Elle est de nouveau en vigueur depuis le 1er mars et devrait renchérir le prix de l’essence, et par ricochet celui de l’éthanol qui deviendra plus attrayant pour les agriculteurs. Or, comme le rappelle Timothé Masson, secrétaire général de l’Association mondiale des planteurs de betteraves et de canne à sucre : si le pays augmente d’un point son pourcentage de canne dédié à l’éthanol, c’est 800 000 tonnes en moins de sucre sur le marché mondial.
En ce début 2023, le tour du monde des producteurs ne plaide donc pas pour une baisse des prix du sucre.
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