Mali: le commerce de l'or artisanal toujours dans le flou
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Un nouveau code minier au Mali pour « renforcer les intérêts de l'État » a été promulgué le 28 août par le président de la transition. Le texte ne règle cependant pas plus que celui de 2019 le commerce de l'or artisanal. La majorité de cet or sort clandestinement du pays en direction de Dubaï, comme le rappelle un récent rapport.

Le commerce de l’or artisanal aurait pu être un des points forts du nouveau code minier. Mais il n’en est rien, déplore un expert du secteur qui parle « d’opportunité manquée » et rappelle que l’essentiel de cet or est aujourd’hui vendu en contrebande.
Les derniers chiffres disponibles sont parlants : en 2021, le Mali aurait officiellement exporté 23 tonnes d’or artisanal, selon la Direction générale du commerce, de la consommation et de la concurrence, alors que les Émirats arabes unis rapportent de leur côté avoir importé 174 tonnes d’or, selon UN Comtrade, la base de données des Nations Unies sur les statistiques du commerce des produits de base.
13% de l’or parti illégalement à Dubaï en 2021
Dans le cadre de son programme intitulé « De la Mine au marché » (« Mines to Market »), l’ONG Pact a fait le calcul : 13% seulement de l’or artisanal malien aurait été exporté formellement en 2021, le reste serait parti illégalement à Dubaï, majoritairement transporté à la main. Il s’agit d’or essentiellement malien, mais aussi, de l’or des pays voisins qui transite par Bamako, les acheteurs locaux proposant des prix plus attrayants qu’au Sénégal, en Guinée ou en Côte d’Ivoire.
Le nouveau code minier malien confirme la décentralisation de l’encadrement des activités d’orpaillage aux autorités territoriales, notamment aux mairies, des mairies qui souvent ne connaissent pas bien les textes et qui n’ont pas les capacités financières et pas non plus les ressources humaines pour encadrer le secteur.
Préoccupations sécuritaires
Les auteurs d’un rapport élaboré conjointement par l’ONG Pact et le ministère malien des Mines publié en juin dernier (à consulter ici) sont pourtant d’accord : il y a urgence à renforcer le contrôle de la filière. Pact se dit notamment « très préoccupé pour la sécurité et stabilité du pays si aucune mesure drastique n’est prise pour mettre en œuvre les recommandations fournies dans le rapport ». L’une des priorités est d’empêcher les groupes armés non étatiques de contrôler les chaînes d’approvisionnement en or.
Parmi les autres recommandations du rapport figure un abaissement de la taxe d'exportation, aujourd'hui de 3%, la création d'une centrale d'achat de l'or artisanal ou encore un renforcement des contrôles aux frontières avec des incitations données aux douaniers effectuant des saisies : l'ONG Pact et ses partenaires pointent en effet une chaine d'exportation depuis le départ à l'aéroport de Bamako jusqu'à l'arrivée à Dubaï « notoirement permissive vis-à-vis de l'or illicite ».
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