Chronique des matières premières

La surabondance d'acier chinois pèse sur les prix du minerai de fer

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Depuis plusieurs mois, la Chine inonde le marché international d'acier bon marché, et la demande intérieure n'est plus suffisante pour absorber la production locale. L'abondance d'acier a fait baisser les prix, y compris ceux du minerai de fer. 

Une pile de tuyaux en acier  dans une usine basée dans la province de Hebeï, en Chine. (Image d'illustration)
Une pile de tuyaux en acier dans une usine basée dans la province de Hebeï, en Chine. (Image d'illustration) REUTERS/Kim Kyung-Hoon
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Depuis 2020, année de pandémie de Covid-19, la demande en acier a chuté de 10%, et le secteur peine toujours à se redresser, en particulier chez le géant chinois, qui produit à lui seul plus de la moitié de l'acier mondial, soit plus d'un milliard de tonnes. L'activité industrielle s'est contractée pour le quatrième mois consécutif en août 2024. La demande d'acier a logiquement baissé, notamment dans le secteur immobilier.

Une crise qui fait dire au patron chinois de Baowu Steel que le secteur traverse une période qui s'apparente à un hiver « plus long, plus froid et plus difficile à supporter que ce qui était attendu ». Il y a un mois, le groupe Arcelor Mittal décrivait un marché mondial devenu « insoutenable ».

La sidérurgie chinoise peine à contrer la baisse de la demande 

Pour tenter d'endiguer la spirale de la surproduction, la Chine a dû se résoudre à suspendre, au mois d'août, la délivrance d'autorisations de construction de nouvelles usines sidérurgiques. Mais un certain nombre d'usines auraient déjà été approuvées, selon le Financial Times, et pourraient entrer en fonction dans les deux prochaines années. Selon la banque américaine Citigroup, 80 millions de tonnes de capacités approuvées ne seraient pas encore opérationnelles.

Signe d'une prise de conscience peut-être, et que des mesures plus drastiques s'imposent, 18 des plus grands producteurs chinois réunis la semaine dernière à Pékin, à l'initiative de l'Association chinoise du fer et de l'acier, se sont engagés à faire preuve de plus de discipline pour remédier à la surabondance.

En attendant que la demande intérieure rebondisse, la Chine inonde le marché international d'acier à des prix défiant toute concurrence : les exportations chinoises ont atteint leur plus haut niveau depuis 2016 et pourraient dépasser 100 millions de tonnes cette année, selon les analystes de MySteel.

Le minerai de fer malmené

La baisse des prix de l'acier a entraîné dans son sillage celui de son composant phare, le minerai de fer. Il a chuté de plus d'un tiers depuis le début de l'année, et de 10% ce dernier trimestre. En début de semaine, le minerai de fer chinois a subi sa pire baisse de prix en une journée depuis près de deux ans.

L'été s'est terminé avec un minerai qui est passé sous la barre des 90 dollars la tonne avant de remonter. Ces prix font que certaines mines deviennent difficilement rentables, mais ils restent confortables pour les mines à bas coût de production. Plusieurs sociétés australiennes et brésiliennes ont d'ailleurs exporté des volumes record ces derniers mois.

Comme pour l'acier, la consommation ne suit pas. Alors, le minerai de fer s'accumule dans les ports chinois : les stocks seraient à un plus niveau haut depuis 28 mois – en date du 29 aout –, selon une enquête de MySteel sur les stocks de 45 ports.

L'acier russe fait exception 

L'autre conséquence concerne la santé économique des opérateurs du secteur. La baisse du minerai de fer a fait chuter la valeur des quatre grands mineurs du secteur, BHP, Rio, Tinto Vale et Fortescue, d'environ 100 milliards de dollars au total, selon le Financial Times.

Les sidérurgistes chinois, tels qu'Angang Steel, enchaînent les pertes de trimestre en trimestre. Rares sont ceux qui ont réalisé des bénéfices en 2024 dans le pays.

Dans un secteur déprimé, la Russie fait exception : la demande en acier a grimpé de 6% au premier semestre, selon l'agence Bloomberg, dopée par la construction de logements et plus largement d'infrastructures. Plusieurs aciéristes russes ont vu leur bénéfice augmenter. Marginalisés du marché mondial en raison des sanctions occidentales, ils en subissent en contrepartie beaucoup moins les difficultés.

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