Le charbon russe connaît sa pire crise depuis trente ans
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Le secteur pèse de manière marginale dans l’économie russe : moins de 1% du PIB. Mais des régions entières dépendent de son exploitation. Et la crise souffle très fort.

De notre correspondante à Moscou,
La presse officielle russe l’admet : le secteur du charbon russe traverse une grave épreuve. Certains analystes parlent même de la pire crise depuis 30 ans. Cela charrie pour le pays les souvenirs d’un passé qui ne passe pas : celui des chaotiques années 90, cette transition brutale à l’économie de marché, où des travailleurs du charbon venaient à Moscou crier leur colère en tapant leur casque de mineurs sur le pavé.
Une descente aux enfers en deux ans
Dans un pays chaque jour plus verrouillé comme la Russie, pas de protestations sociales. Seulement des indicateurs économiques qui traduisent froidement un tableau très sombre. À commencer par celui-ci : selon l'Agence nationale russe des statistiques, au cours des sept premiers mois de l’année, le secteur a enregistré des pertes de 225 milliards de roubles, soit 2,4 milliards d’euros. C’est le double de celles de 2024, année où il figurait déjà parmi les secteurs les moins performants du pays.
Le signe d’un retournement radical de situation et d’une descente aux enfers rapide, car en 2023 le secteur dégageait encore des bénéfices, à hauteur de 375 milliards de roubles, près de 4 milliards d’euros. Cela pour une industrie qui emploie directement plus de 140 000 personnes en Russie, et demeure le poumon essentiel dans certaines régions. Des régions qui s’annoncent sinistrées.
Des ventes à faibles marges, voire à perte
En septembre, selon un dernier bilan du ministère de l'Énergie, 23 entreprises charbonnières russes, soit environ 13% du total national, avaient fermé leurs portes ; 53 autres risquent de suivre. Selon les analystes, ce sont les petites et moyennes structures qui sont les plus menacées.
À l’origine, les prix du charbon thermique, utilisés dans les centrales, qui ont atteint cette année des prix historiquement bas, 93 dollars la tonne, soit 78% de moins que lors du pic de 2022. En cause : les niveaux records de production en Chine. À cela, il faut ajouter des contraintes russes liées aux sanctions occidentales : pour vendre, il faut désormais offrir des rabais. On estime aujourd’hui que la Russie vend son charbon avec de très faibles marges, voire parfois à perte. Le commerce souffre aussi de goulots d’étranglement logistiques. Les perspectives ne sont pas meilleures : pour les analystes, la tendance des cours mondiaux du charbon est baissière jusqu’en 2027.
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