Chronique des matières premières

Birmanie, menace sur la production d'étain

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Le marché de l'étain est en émoi : une région semi-autonome de Birmanie vient d'annoncer l'arrêt de toute activité minière à compter du 1er août en attendant la mise en place de nouvelles règlementations. 

feuille d''étain (Image d'illustration)
feuille d''étain (Image d'illustration) © CC BY-SA 4.0
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Si les autorités militaires de l'État Wa mettait leur menace à exécution, cela représenterait 10% de concentré d'étain en moins sur le marché mondial, selon l'International Tin Association (ITA). Soixante-dix pour cent de la production birmane vient en effet de cette région semi-autonome.

La Birmanie s'est imposée depuis 2014 comme un acteur majeur de la filière. Elle est aussi devenue la principale source d'approvisionnement en concentré d'étain de l'industrie chinoise du fait de sa position frontalière. En 2022, selon l'ITA, la Chine a importé les deux tiers de ses besoins en concentré d'étain, de Birmanie, troisième producteur mondial. « Il n'est donc pas étonnant que le marché ait aussitôt réagi », observe Vincent Donnen patron de la Compagnie des métaux rares (CDMR), une société d’investissement, avant d'ajouter : « 5 à 10% du marché impacté, ce serait potentiellement énorme ».

Un « petit » marché très volatil

À peine l'annonce faite, le contrat pour une livraison dans trois mois a pris 9% à la bourse des métaux de Londres (LME). Le contrat pour une livraison au mois de mai à la bourse de Shanghai a bondi de plus de 10%, avant, lui aussi, de redescendre en clôture, ce lundi.

L’étain est un marché particulièrement volatil du fait de sa petite taille puisqu'il ne représente qu'un peu plus de 300 000 tonnes par an échangées, selon les estimations de l'Institut d'études géologiques des États-Unis (l'USGS).

Même si la demande dans le secteur des équipements personnels, de type ordinateur portable ou téléphone, a baissé, elle est appelée à croître avec le développement de la 5G, de l'énergie solaire et du parc de voiture électrique, l'étain étant présent dans les soudures des circuits électroniques.

De nouveaux projets miniers nécessaires

La réouverture de la Chine pourrait alimenter un peu plus également une reprise de la demande. Selon une note du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) datée du 15 décembre dernier, la demande mondiale pourrait atteindre 500 000 tonnes en 2030.

Dans ce contexte, stimuler les investissements miniers apparait de plus en plus nécessaire pour augmenter l'offre. Et cela ne pourra se faire que si les prix remontent et se stabilisent : l'exploitation minière de l'étain n'est réputée intéressante qu'à des prix qui dépassent les 25 000 dollars la tonne, voire les 30 000 dollars la tonne dans certaines zones.

► À lire aussi : Étain: le métal de la tech n'a jamais coûté aussi cher

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