Chronique des matières premières

Pétrole: tensions au sein de l'Opep+

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Les cours du pétrole font grise mine depuis l'annonce du report d'une réunion des membres de l'Opep+ prévue initialement dimanche 26 novembre au jeudi suivant. Une annonce qui alimente les rumeurs de divergences entre pays producteurs et en particulier entre l'Arabie saoudite et des États pétroliers africains.

Une raffinerie de pétrole de Kaduna au Nigeria.
Une raffinerie de pétrole de Kaduna au Nigeria. © Getty Images/Andrew Holt
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La réunion, initialement prévue dimanche et présentée comme cruciale, semble avoir remis sur la table des différends qui avaient été, en apparence, résolus au mois de juin dernier. L'Opep+ avait alors réussi à convaincre les États africains – Angola, Congo et Nigeria – en particulier, de produire moins en 2024 avec l'argument qu'ils n'avaient pas les capacités de produire plus.

L'accord trouvé avait le mérite de réconcilier l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis sur la question des quotas, selon l’agence de presse Bloomberg, en laissant Abou Dhabi pomper davantage de brut. En échange, les pays africains qui s'étaient résignés avaient reçu l'assurance qu’ils pourraient potentiellement augmenter leurs volumes de production, après un audit de leur capacité réelle à sortir du brut.

Frustrations en Angola et au Nigeria

Cinq mois plus tard, les quantités limites de brut produit imposées aux États pétroliers africains créent manifestement toujours des frustrations. Au point de provoquer le report d'une réunion censée finaliser les quotas des membres de l'Opep+ pour l'année prochaine.

L'Angola et le Nigeria, souhaiteraient être autorisés à produire plus, selon l'agence de presse. Le Nigeria s'appuie sur les statistiques du mois dernier :  le pays a réussi à extraire 36 000 barils par jour de plus que son objectif de 2024. L'Angola est dans une position plus compliquée à défendre, n'ayant pas réussi à atteindre les quotas qui lui ont été fixés pour l'année prochaine : le pays a produit 1,17 million de barils par jour en octobre, soit 110 000 barils jours de moins que ce qu’il est autorisé à extraire l’année prochaine.

« Un petit bras de fer »

Aussi importants soient-ils sur le continent, ces producteurs ne pèsent pas lourd sur le marché international et savent qu'ils dépendent des décisions de l'Arabie saoudite, « le » pays qui fait les prix. « Si tension il y a entre ces États, ce ne peut être qu'un petit bras de fer au vu du poids des pays concernés », pointe un négociant en pétrole.

Mais la simple annonce d'un report de réunion a suffi à plomber les cours, déjà en diminution de plus de 15 % depuis septembre, report qui n’est pas seulement le signe d’un potentiel contentieux, mais qui fait planer aussi un doute sur le maintien des importantes coupes de production opérées par l'Arabie saoudite. Si elles étaient levées ou simplement allégées, elles augmenteraient l'offre et feraient inévitablement baisser les cours.

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