Chronique des matières premières

Le GNL russe ne pourra plus être transbordé dans les ports européens

Publié le :

La question divisait jusque-là, mais les ambassadeurs des 27 États membres de l'UE ont fini par approuver l'interdiction du transbordement de gaz naturel liquéfié russe dans ses ports. Une mesure dont l'objectif est de limiter les revenus que la Russie de revenus supplémentaires dans le secteur de l'énergie.

Une vue des unités de pompage sur le terrain d'un parc de stockage de carburant du géant russe des oléoducs Transneft. (Image d'illustration)
Une vue des unités de pompage sur le terrain d'un parc de stockage de carburant du géant russe des oléoducs Transneft. (Image d'illustration) AFP - NATALIA KOLESNIKOVA
Publicité

La mesure adoptée vise à compliquer les exportations de gaz russe en provenance du nord-ouest de la Sibérie et à destination des marchés mondiaux, non européens. 

Pendant les mois d'hiver, soit de juillet à octobre, quand la glace entrave la navigation vers le détroit de Béring, le GNL russe délivré par la Compagnie Yamal LNG voyage dans des méthaniers brise-glace jusqu'en Europe où il est transbordé dans des méthaniers classiques et envoyé vers le marché asiatique, essentiellement la Chine.

Cette opération a le mérite d'être plus rapide et surtout plus rentable pour la Russie : « Les navires de transport de GNL brise-glace coûtent 20 à 30% de plus à construire et ont un coût opérationnel supérieur de 75% par rapport à des méthaniers conventionnels de même taille », explique l'ONG Bond Beter Leefmilieu, dans une étude détaillée sur le sujet.

L'Europe perdra 0,3% de sa consommation actuelle de gaz

L'interdiction décidée par les Européens ne concerne pas le gaz que les États membres importent de Russie, par pipeline, via l'Ukraine et la Turquie. Elle ne concerne pas, non plus, les achats européens de GNL russe qui vont continuer et qui représentent aujourd'hui environ 5 à 6% du gaz que l'Europe importe.

Seule la partie du gaz russe transbordée dans les ports européens – en Belgique, en France et en Espagne – est concernée, ce qui signifie des volumes destinés essentiellement à l'exportation hors Union européenne, puisque seulement une petite partie du GNL transbordé reste en Europe.

Les sanctions n'auront donc que très peu d'impact pour les consommateurs européens. Selon les calculs de Bond Beter Leefmilieu, ce que l'Europe pourrait perdre équivaut à 0,3% de ses besoins en gaz.

Un GNL russe qui va devenir moins compétitif

L'entrée en vigueur de ces nouvelles sanctions devrait rendre le GNL du projet Yamal en Sibérie beaucoup moins compétitif par rapport aux autres origines. Quant à la répercussion que la mesure pourrait avoir en terme financier, l'ONG belge l'a chiffrée : elle devrait priver le Kremlin et ses soutiens de 687 millions euros de revenus annuels. 

L'autre conséquence indirecte de cette mesure sera de contrarier les ambitions de Moscou qui souhaitait quadrupler ses exportations de GNL d'ici 2030, ajoute Angelos Koutsis expert en politique énergétique et auteur de l'étude.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes