Chronique des matières premières

Le boom agricole du Brésil met à l'épreuve ses capacités logistiques

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Le plus gros opérateur portuaire brésilien (Santos Brasil) racheté par l'armateur français CMA CGM. L'opération annoncée cette semaine illustre l'intérêt grandissant des compagnies maritimes pour le Brésil, un géant agricole dont les capacités logistiques se développent moins vite que la production.

Un champ de maïs est irrigué à la ferme Agropecuaria Cenci dans le noyau rural Buriti Vermelho de Brasilia, Brésil, le mardi 2 juillet 2024.
Un champ de maïs est irrigué à la ferme Agropecuaria Cenci dans le noyau rural Buriti Vermelho de Brasilia, Brésil, le mardi 2 juillet 2024. AP - Eraldo Peres
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Le Brésil est devenu une gigantesque ferme mondiale et ne cache pas son ambition de le rester, comme le confiait l'année dernière l'ancien ministre de l'Agriculture Roberto Rodrigues dans un entretien publié dans le rapport Demeter 2023. Chaque année, les objectifs de production à dix ans formulés par le ministère de l'Agriculture sont en augmentation, rappelle Olivier Antoine, géopolitologue, expert des questions d'agriculture et d'alimentation en Amérique latine.

La production de coton a, par exemple, explosé, cela veut dire, en chiffres, trois millions de tonnes à exporter. À raison de 25 tonnes par conteneur, le calcul donne la dimension du défi logistique. Les exportations de café sont un autre défi pour le premier exportateur mondial d'Arabica : résultat, en ce moment, les conteneurs chargés de grains partent avec deux ou trois mois de retard.

Des récoltes de plus en plus enclavées

Les perturbations sur le canal de Suez ont allongé les routes et désorganisé les flux de conteneurs vides. C'est une partie du problème qui touche tous les exportateurs, mais les freins sont aussi purement brésiliens. Depuis des années, chaque grosse récolte de soja ou de maïs met sous pression les infrastructures de transport et ça ne s'arrange pas, car plus la production se développe, plus elle provient de terres éloignées des zones portuaires.

Acheminer les récoltes du Mato Grosso, au centre du pays, ou celles du Mato Piba (États de Maranhão, Tocantins, Piaui et Bahia), au nord-est est devenu un problème qui ne se posait pas avec la même ampleur il y a quinze ans. 

De nouvelles capacités au nord-est et au sud

Pour répondre aux besoins, de nouveaux tronçons ferroviaires et routiers ont été construits ainsi que des ports fluviaux sur l'Amazone et ses affluents, mais les infrastructures sont encore insuffisantes et la navigation est perturbée cette année par la sècheresse qui a fait baisser le niveau de l'eau. Des travaux ont été aussi lancés pour développer de nouvelles capacités de transport de vrac agricole (et minéral) au nord-est du pays – entre Salvador et le port de Santana, sur la rive gauche de l'estuaire de l'Amazone. Plus au sud, deux terminaux à conteneurs – Itapoa et Navegantes – ont complété ces dernières années l'offre de l'État de Santa Catarina, leader des exportations de viande. 

Ces aménagements se font cependant souvent avec un temps de retard sur les ambitions du pays, portées par un secteur de l'Agribusiness que rien ne semble freiner au Brésil, déplore un expert de la filière agricole.

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