Les fossoyeurs, ou comment l'obsession de rentabilité conduit à la maltraitance des personnes âgées

« Nous étions rationnés, c'était trois couches par jour maximum, pas une de plus. Peu importe que le résident soit malade, qu'il ait une gastro... les pénuries touchaient presque tous les produits nécessaires à la prise en charge des personnes âgées. L'alimentation c'était au compte-gouttes. Au petit déjeuner, c'était deux biscottes. S'ils en voulaient une troisième, ce n'était pas possible. Je vous assure, on se serait cru en période de guerre ».

Le siège du groupe Orpea est photographié en dehors de Paris, le 2 février 2022. AP - Michel Euler

Ces mots, ce sont ceux de Saïda Boulahyane, auxiliaire de vie pendant un an dans un EPHAD du groupe ORPEA. Elle est l'un des nombreux témoins interrogés par Victor Castanet, dans son livre choc Les fossoyeurs. L'ouvrage décrit les dérives systémiques d'une entreprise, dont l'objectif est simple : maximiser les profits, quitte à maltraiter ses résidents, mais aussi son personnel, et à empocher de l'argent public censé contribuer au bien-être de nos aînés. La publication du livre a fait l'effet d'un électro choc. Les politiques s'en sont saisis. Deux enquêtes ont été mandatées, l'une confiée à l'IGAS (l'Inspection générale des Affaires sociales), l'autre à l'Inspection générale des Finances (IGF). Le groupe a limogé son directeur général Yves Le Masne, mais dément toute malversation ou mauvais traitement. Les Fossoyeurs, ou comment un grand groupe privé a prospéré en traitant des personnes âgées comme une variable d'ajustement comptable, c'est le thème de Décryptage aujourd'hui.

Avec : 

- Victor Castanet, journaliste, auteur de l’enquête Les fossoyeurs. Révélations sur le système qui maltraite nos aînés (Fayard).

► À écouter aussi : Nos aînés sont-ils délaissés ? 

Une émission présentée par Anne Corpet, préparée par Sigrid Azeroual, réalisée par Stéphane Defossez et Claude Battista.