En Finlande, Sauli Niinistö aura sa place dans les livres d’histoire
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Le mercredi 18 mai, il y a un peu plus d’une semaine, la Finlande envoyait sa candidature pour intégrer l’Otan, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord. Une décision historique pour ce pays qui était jusqu’ici neutre et qui était très attaché à cette neutralité. Et c’est le président Sauli Niiniströ, qui dirige la République de Finlande depuis 2012, qui restera dans l’histoire comme étant celui qui a opéré ce virage.

Il est né à Salo, une petite localité du sud-ouest de la Finlande située à moins de cent kilomètres de la capitale Helsinki. Sauli Niinistö vient d’un milieu plutôt modeste. C’est le petit dernier d’une fratrie de quatre enfants et c’est dans sa ville natale qu’il entame en 1977 une carrière politique après y avoir ouvert son cabinet d’avocat.
Député de la Diète nationale, le Parlement finlandais, depuis 1987, Sauli Niinistö a toujours été affilié au Parti de la coalition nationale, une formation conservatrice et libérale détaille Louis Clerc, professeur d’Histoire contemporaine à l’Université de Turku en Finlande. « C’est un homme politique qui vient du parti de la droite conservatrice, le Kokoomus, "le Rassemblement". Il a été longtemps député, puis ensuite il a été élu président du Parlement. Dans ses prises de position au Parlement, Sauli Niinistö était plutôt dans le camp conservateur en matière de valeur en particulier. Il s’est par exemple prononcé contre le mariage homosexuel. »
Un conservateur ouvert d’esprit
Un conservatisme que le futur chef d’État a su mettre de côté précise Louis Clerc : « Une fois devenu président, il a réussi à se présenter au-delà de son parti, comme un représentant de la population finlandaise au sens large. C’est un homme politique extrêmement expérimenté qui a une longue carrière derrière lui, qui vient donc de ce fond assez conservateur, mais qui en même temps a su se placer au-dessus des querelles de parti. »
Sauli Niiniströ est un animal politique estime même Maurice Carrez. « Il aime bien se mettre en scène », précise ce professeur d’histoire à Sciences Po Strasbourg et grand spécialiste de la Finlande. « Il aime bien parler de lui. Il aime beaucoup la notoriété. C’est quelqu’un qui est dans la moule moderne du politicien d’aujourd’hui ».
Toujours partisan pour intégrer l’Otan
Le système politique en Finlande est différent de celui que l’on connait en France. Le président partage en quelque sorte le pouvoir exécutif avec le gouvernement, ce qui est également le cas en matière de politique étrangère. Et c’est donc avec son gouvernement que Sauli Niiniströ a pris la décision de demander l’adhésion de son pays à l’Otan après un vote à une écrasante majorité au Parlement : 188 voix pour et seulement 8 contre. La guerre en Ukraine menée depuis le 24 février par la Russie, pays avec qui la Finlande partage plus de 1 300 kilomètres de frontière terrestre commune, a totalement changé la donne. La décision semble logique aujourd’hui estime Maurice Carrez : « L’adhésion à l’Otan, on ne la voyait pas venir, parce que pendant très longtemps, une très grosse majorité de l’opinion avait la plus vive méfiance vis-à-vis de l’Alliance militaire atlantique, parce que les gens ne voulaient pas risquer d’avoir de mauvais rapports avec la Russie. Et puis là, la brutalité de Poutine a fait le reste. »
Cette décision, Sauli Niiniströ y était depuis toujours favorable, « Niinistö vient d’un parti qui, depuis longtemps, a été de cet avis que la Finlande devrait rentrer dans l’Otan », détaille Louis Clerc. « Niinistö lui-même, une fois devenu président, a quand même adopté la ligne de politique étrangère finlandaise qui était de se maintenir en dehors de l’Otan, mais en ayant les relations les plus cordiales et les plus avancées possible. »
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Une place dans les livres d’histoire ?
Avec cette demande d’adhésion à l’Otan et après l’entrée de la Finlande dans l’Union européenne en 1995, la boucle est bouclée estime Maurice Carrez. Et Sauli Niiniströ restera à coup sûr dans les livres d’histoire comme celui qui mit un terme à la neutralité de son pays selon Louis Clerc. « Cette équipe gouvernementale et ce président vont rentrer dans l’histoire pour avoir pris une des plus importantes décisions de politique étrangère de la Finlande indépendante. » Un avis que partage Maurice Carrez, même si d’après cet historien, Sauli Niinistö n’est pas un président qui aura marqué son époque. « Sans doute dans les livres d’histoire parlera-t-on de tel ou tel discours ou prise de position. Maintenant ça n’est ni Pasitivi, ni Kekkonen. Niinistö, je ne veux pas non plus le dévaloriser, mais il m’apparaît quand même nettement en dessous. Je ne crois pas qu’il puisse être considéré comme quelqu’un d’incontournable dans l’histoire de la Finlande. »
Sauli Niinistö restera pourtant bien dans l’histoire à l’issue de son second et dernier mandat présidentiel, même s’il n’est pas directement responsable de ce changement historique pour la Finlande.

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