Stephen Graham, l’acteur britannique engagé derrière la série choc «Adolescence»
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Sa série a touché des millions de personnes à travers le monde. Stephen Graham, le co-créateur de la série Adolescence sur Netflix, est notre Européen de la semaine. L’acteur britannique a été récompensé à la cérémonie des Emmy Awards aux Etats-Unis la semaine dernière. Une reconnaissance pour cette fiction qui a fait bouger les lignes dans le monde réel.

Deuxième plus gros succès pour une série anglophone sur la plateforme américaine, Adolescence, raconte en quatre épisodes l'histoire d'un jeune adolescent de treize ans accusé du meurtre d'une camarade de classe. La série met en lumière l'influence des idées masculinistes sur les réseaux sociaux. Stéphane Graham a écrit la série avec le scénariste Jack Thorne et il joue le père de l'adolescent.
Habitué des films de gangsters
On l’a vu dans The Irishman de Martin Scorsese, Public Enemies de Michael Mann ou encore Snatch de Guy Ritchie. Mais il a aussi joué dans des drames : un skinhead dans This is England ou la série The Virtues sur les violences faites aux enfants. Massif, tout en muscles, l’acteur de 52 ans est né à Kirby dans la périphérie de Liverpool, dans un milieu populaire. Un père travailleur social, une mère infirmière et un grand-père jamaïcain. Et ce sont justement ses origines qu’il a mises en avant dans son discours après avoir reçu l’Emmy Award de la meilleure mini-série : « Ce genre de chose n'arrive généralement pas à un enfant comme moi. Je suis juste un métis issu d'un immeuble du quartier de Kirby. Alors, pour moi, être ici aujourd'hui devant mes camarades et être reconnu par vous est la plus grande leçon d'humilité que je puisse imaginer et cela vous montre que tous les rêves sont possibles ».
Dans une interview, il expliquait qu’il était urgent d’avoir « une discussion » au sujet des violences en ligne contre les femmes : « nous sommes tous responsables : le système éducatif, les parents, la communauté, le gouvernement et surtout les réseaux sociaux ». « Il est très sérieux dans son travail », raconte Lanre Bakare, journaliste culture au quotidien britannique The Guardian. « Il peut paraître jovial, et il a cette image publique d'un homme calme, amusant et frivole. Mais quand on parle de son travail, il le prend très au sérieux. »
Débat de société
La série et son sujet de radicalisation masculiniste en ligne se sont invités au Parlement britannique. Keir Starmer a raconté avoir visionné la série en famille et proposé de la diffuser dans les collèges et les lycées. Le chef du gouvernement britannique a aussi reconnu la nécessité de s’attaquer à ce « problème émergent et croissant ». Il a promis que des policiers allaient prochainement être formés. Le journaliste Lanre Bakare fait le parallèle avec le film français La Haine : « On disait dans la presse que Jacques Chirac l'avait montré au gouvernement, ce qui avait déclenché un grand débat en France sur la situation des jeunes immigrés vivant en banlieue parisienne. Je pense que c'est très similaire au débat ouvert par la série Adolescence au Royaume-Uni. Stephen et son équipe ont mis le doigt sur un sujet qui inquiétait beaucoup de gens. C'est un phénomène dont on sait qu'il existe, qui est constamment débattu, mais aucune fiction n'avait vraiment mis le doigt dessus et humanisé la situation ».
En France, la ministre de l'Éducation sortante Elisabeth Borne veut proposer la série Adolescence comme support pédagogique à partir de la 4ᵉ. En Italie, de plus en plus de séries explorent les tourments de l’adolescence. Stephen Graham a créé plus qu’un divertissement. Un acteur engagé sans être politisé. « Je pense que son travail est politique, car tout l'est, mais sans pour autant devenir partisan », analyse Lanre Bakare qui l'a interviewé il y a quelques années. « Il n'est pas forcément une figure de gauche. Je pense qu'il veut que son travail parle pour lui. Et on voit à ses sujets qu'il aborde ce qui lui tient à cœur, les grands enjeux qu'il souhaite porter à l'attention du public. Et je pense que c'est, d'une certaine manière, politique. »
Une épouse omniprésente
Dans son discours aux Emmy Award, Stephen Graham a aussi beaucoup remercié sa femme. Elle joue un rôle clé à ses côtés. Hanna Walter est, elle aussi, actrice. Ils se sont rencontrés pendant leurs études de théâtre dramatique. Ils vivent dans la campagne anglaise avec leurs deux enfants. La place d’Hanna Walter est cruciale : c’est elle qui relie ses scénarios et c’est elle qui l’aide à apprendre ses textes. Car Stephen Graham souffre de dyslexie. Il a gardé son accent, ce qui est très rare. Authentique et engagé jusqu’au bout.
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