Yolanda Díaz, nouvelle figure de la gauche radicale espagnole
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Actuelle numéro trois du gouvernement espagnol, la ministre du Travail Yolanda Díaz entend devenir la première femme présidente du gouvernement. Mais avant les élections générales de décembre 2023, la très populaire candidate communiste doit relever un défi de taille : unir la gauche espagnole, très divisée. La ministre a entamé le 10 mai 2023 une tournée à travers l’Espagne pour soutenir les forces qui composent sa coalition de gauche radicale Sumar, en vue des élections municipales et régionales du 28 mai 2023.

À 51 ans, Yolanda Díaz est la personnalité politique préférée des Espagnols. Fille de syndicaliste, la ministre originaire de Galice, dans le nord-ouest de la péninsule, a toujours été affiliée à Izquierda Unida, une fédération issue du Parti communiste espagnol. Mais elle a surtout su séduire au-delà de la gauche radicale, ce qui lui vaut aujourd'hui d'être très populaire auprès des Espagnols.
« Sa popularité tient essentiellement au fait qu'elle est non seulement appréciée dans son camp, mais elle séduit aussi la base électorale du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) », remarque Oriol Bartomeus, chercheur à l'Institut des sciences politiques et sociales de l'Université de Barcelone. « Les électeurs du PSOE ont tendance à considérer Yolanda Díaz comme une personnalité proche d'eux. Ils ont une très bonne image d’elle, ce qui n'était pas le cas avec Pablo Iglesias, l'ancien leader de la gauche radicale. »
Un conflit avec Pablo Iglesias, son rival de la gauche radicale
Pablo Iglesias, le cofondateur du parti de gauche radicale Podemos avait pourtant désigné Yolanda Díaz comme son héritière politique au moment de quitter ses fonctions de numéro trois du gouvernement espagnol. Mais leur exercice de la politique est bien différent, comme l'explique Fernando Vallespín, professeur de sciences politiques à l'Université autonome de Madrid : « L’une des caractéristiques de Yolanda Díaz est qu'elle n'est pas radicale. Son discours combine pragmatisme et utopie avec beaucoup d'émotivité. Mais elle ne tient pas un discours combatif et agressif comme celui qu'a pu avoir Pablo Iglesias pendant son mandat. »
La communiste s'est en effet toujours tenue à distance de Podemos, ce qui est perçu par Pablo Iglesias comme une trahison empêchant toute forme d'union entre les deux formations. « Pour Yolanda Díaz, Podemos est un parti très dépendant de la figure dominante de Pablo Iglesias », poursuit Fernando Vallespín. « Ce qu'elle ne veut donc pas, c'est précisément être instrumentalisée par Pablo Iglesias. Elle entend porter son propre projet, et c’est là le cœur du conflit. Tout est question de répartition du pouvoir. »
Une tournée nationale pour unir la gauche
Yolanda Díaz cherche justement à conquérir le pouvoir à travers sa candidature aux élections générales de décembre 2023. Elle compte ainsi succéder au socialiste Pedro Sánchez à la tête du gouvernement. Mais avant ce scrutin, une autre échéance de taille l'attend : les élections municipales et régionales, le 28 mai 2023. Cette semaine, Yolanda Díaz a entamé une tournée à travers le pays pour afficher son soutien aux partis qu'elle espère intégrer à Sumar.
Il s’agit là d’un moyen d'occuper l'espace politique, selon le chercheur Oriol Bartomeus : « Ces élections sont une sorte de primaire avant les élections générales. Il est donc évident que Yolanda Díaz a un rôle à y jouer, même si Sumar en tant que tel ne se présente pas. En revanche, certaines des forces politiques qui composent Sumar sont candidates. C'est pourquoi leur résultat est important pour Yolanda Díaz et pour son mouvement. »
Des adversaires de taille
Mais Yolanda Díaz etSumar sont encore devancés dans les sondages par les deux poids lourds de la vie politique espagnole, le Parti socialiste et le Parti populaire, à droite de l’échiquier. La nouvelle égérie de la gauche espagnole dispose toutefois d’un atout important : son excellent bilan en tant que ministre du Travail. « Son sujet de prédilection est le travail. En particulier, les questions de négociation collective, les salaires, le chômage », relève Oriol Bartomeus. « Et dans ce domaine, il faut reconnaître qu'elle a obtenu d’importantes avancées au sein du gouvernement, comme la réforme du marché du travail. »
Contre toute attente, Yolanda Díaz a su mettre d'accord syndicats et patronat sur cette réforme destinée à lutter contre la précarité. Elle a même réussi à arracher le vote du Parlement pourtant très polarisé, preuve de l'efficacité de sa méthode, Sumar (« additionner », en français) les forces politiques, pour parvenir à des victoires.
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