La fin de l’affirmative action aux États-Unis
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La décision de la Cour suprême de mettre un terme à cette politique inquiète de nombreux étudiants qui y voient des motivations racistes et injustes. L’affirmative action fait débat depuis des années aux États-Unis, la Cour suprême avait été saisie par des étudiants d’origine asiatiques et des Blancs de Harvard qui s’estimaient lésés, mais le combat de fond contre les politiques préférentielles dans les universités est porté depuis longtemps par des lobbies et des personnalités de la droite conservatrice.

« Au fur et à mesure que la Cour suprême a viré à droite, des actions ont été intentées », explique la juriste Anne Deysine, professeur émérite à l’Université Paris Nanterre et auteure du livre « La Cour suprême aux États-Unis, droit, politique et démocratie », paru aux éditions Dalloz. Elle cite notamment l’activiste Ed Blum, « il a créé un groupe les étudiants pour une sélection juste qui est simplement un prête-nom, qui est financé par la Federalist society qui déverse des millions dans ces contentieux instrumentalisés. » Les plaignants ont invoqué le 14ème amendement de la Constitution, adopté après la Guerre de Sécession qui contient une clause d’égale protection de la loi, « mais dans l’esprit du Congrès pour redresser les torts du passé. Et la droite l’instrumentalise en disant qu’elle souhaite une Constitution colorblind, c’est-à-dire qui ne prend pas en compte la couleur de peau. »
La vice-présidente américaine s’est indignée de cette décision, y voyant un « déni de l’histoire, des données, des preuves empiriques des disparités et de la force que la diversité apporte au pays. » Les effets de la fin de l’affirmative action sont d’ailleurs faciles à mesurer, en Californie par exemple où ce type de programme a été interdit par référendum dans les années 2000, avec des conséquences très lourdes à l’Université de Berkeley : moins 50% d’admissions de Noirs et de minorités.
« C’est ce que refusent de voir les Républicains, ajoute Anne Deysine, il faut bien voir que les décisions rendues dans les années 50-60 par la Cour suprême ont complètement choqué et mobilisé la droite qui a, par conséquent, créé des structures pour mettre fin à tous les progrès de ces années. La droite ne veut pas d’égalité des chances pour les minorités, point. »
Et la domination de la Cour suprême par les conservateurs radicaux leur donne l’occasion de faire avancer leurs idées. La décision à venir sur l’annulation de la dette étudiante, promise par Joe Biden, sera un autre point de friction entre les neuf juges et « il est possible que la Cour se penche sur la question avec la volonté de contrer les politiques du président démocrate et de toute façon ce sera interprété comme une décision politique, analyse Anne Deysine, c’est l’une des raisons pour lesquelles on parle de plus en plus de réforme de la Cour, à la fois en lui imposant un code de déontologie mais aussi peut-être pour limiter le mandat des juges. » Problème, et pas des moindres, la Cour suprême ne souhaite pas du tout voir cette réforme aboutir.
Le journal de la 1ère
Une nuit agitée en Martinique, dans le quartier de la cité Ozanam à Schoelcher.
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