L'art de raconter le monde

En Ukraine, l’école à la guerre comme à la guerre

Publié le :

Le film Premières classes, de Kateryna Gornostai, raconte comment les écoles d’Ukraine se sont organisées pour poursuivre les cours pendant la guerre en Ukraine. Une leçon de courage, de dignité et de patriotisme.

Malgré l’inquiétude et les pleurs, on porte haut les couleurs nationales pendant la fête de cette école de Kamianske, à 105 km du front au moment du tournage.
Malgré l’inquiétude et les pleurs, on porte haut les couleurs nationales pendant la fête de cette école de Kamianske, à 105 km du front au moment du tournage. © Dulac Distribution
Publicité

Sur l’affiche du film, une petite fille, de profil. En arrière-plan, les tables et les chaises d’une salle de classe, et le tableau noir écrit à la craie. Une salle de classe comme les autres ? Pas tout à fait : nous sommes dans l’Ukraine en guerre, un pays qui affiche son patriotisme face à l’agression de la Fédération de Russie. En témoigne le drapeau bleu et jaune à côté du tableau, deux couleurs nationales qui s’affichent également dans les cheveux de l’écolière.

Pendant plus d’un an, entre mars 2023 et juin 2024, Kateryna Gornostai et sa caméra se sont rendues dans les écoles rurales ukrainiennes de plusieurs régions du pays. Parfois à quelques kilomètres du front, parfois un peu plus loin. Elle a pu constater à quel point continuer les cours malgré les bombardements et les destructions était plus qu’un symbole : un acte quotidien de résistance et de résilience, aussi bien pour les enseignants que pour leurs élèves. « Nous sommes forts, nous sommes invincibles, on continue d’aller à l’école, on trouve toujours une solution ! », clame une maîtresse.

Enseigner en temps de guerre, c’est d’abord s’adapter. À l’inquiétude pour ceux qui sont partis se battre sur le front. Aux destructions qui frappent logements et établissements scolaires. Ou aux alertes aériennes qui peuvent se déclencher en plein cours, obligeant les enfants et leurs encadrants à descendre dans les abris, la peur au ventre. C’est aussi apprendre aux enfants des gestes de premier secours, à se méfier des jouets possiblement piégés, à remplir une valise d’urgence, à manier des armes, à piloter un drone voire à tirer pour les plus âgés. Ou encore relocaliser une classe dans une station de métro souterraine, faire classe par webcam interposée au milieu des gravats, ou recevoir son diplôme à distance, devant l’écran de son ordinateur.

L’école de Mykhailo-Katsioubynske a été partiellement détruite par la guerre. Le directeur fait la visite et filme les dégâts avec la webcam de son ordinateur portable.
L’école de Mykhailo-Katsioubynske a été partiellement détruite par la guerre. Le directeur fait la visite et filme les dégâts avec la webcam de son ordinateur portable. © Dulac Distribution

Le documentaire de Kateryna Gornostai est rythmé par les moments-clés de l’année scolaire : la rentrée le 1er septembre, le Nouvel An, les cérémonies marquant le premier anniversaire de l’invasion russe et les cérémonies de fin d’année.

La réalisatrice parle d’un accueil très différent selon les écoles. Dans certains cas, un directeur détendu et des enseignants énergiques mettaient les enfants à l’aise, y compris devant la caméra du chef-opérateur Sashko Roschyn. Dans d’autres, le climat était beaucoup plus lourd. Même si l’équipe de tournage cherchait à se faire discrète, impossible pour les enfants d’oublier la caméra. On voit d’ailleurs dans le film certains d’entre eux lui faire des signes de la main ou regarder droit dans l’objectif.

Premières classes, de Kataryna Gornostai, sortie le 10 septembre 2025.

La réalisatrice ukrainienne Kateryna Gornostai.
La réalisatrice ukrainienne Kateryna Gornostai. © Nikon Romanchenko / Dulac Distribution

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes