Avec «La part sombre», le théâtre fait tête à l’orage
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Au Théâtre de la Reine Blanche à Paris, le seul en scène de Maï David raconte comment la schizophrénie a fait basculer son existence de femme, de mère et de comédienne. Et comment elle s’est relevée.

Au début, la vie de Maï David était normale, autant que peu l’être une vie de comédienne. Et puis peu à peu en 2005, un malaise a commencé à sourdre. Par petites touches d’abord : des insomnies récurrentes, une fatigue chronique et une confusion mentale de plus en plus gênante. Car petit à petit, cette «part sombre» a gagné du terrain.
De l’irruption de ces troubles psychiques dans son existence, la comédienne a voulu faire œuvre de théâtre, avec la complicité de Gaëlle Héraut, co-autrice et metteuse en scène du spectacle, à l’affiche du Théâtre de la Reine Blanche à Paris. C’est en Bretagne que leurs échanges ont donné le jour à cette pièce : à Douarnenez (29), le temps d’une semaine d’écriture à base d’improvisations ; puis à L’Armorica, à Plouguerneau (29) pour en peaufiner la structure et l’écriture.
Dans ce seul en scène où Maï David joue son propre personnage, mais en interprète aussi quelques autres, on mesure à plusieurs reprises à quel point les premiers signes de la maladie mentale s’immiscent dans le quotidien, notamment lorsque la comédienne continue de se vouer corps et âme à sa passion pour l’art dramatique, au service de Shakespeare ou Molière.
Jusqu’à cette crise qui la conduit à l’hospitalisation à l’Hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt, puis à l’internement au Centre hospitalier Sainte-Anne à Paris, clinique réputée pour ses soins en santé mentale, plus précisément comme elle le dit dans la pièce dans «le pavillon des fous» à «l’étage des fous». La jeune maman brutalement séparée de sa fille de cinq mois, plongée dans l’incompréhension -ou le déni- découvre alors l’ennui et l’isolement, même si d’autres malades croisent son chemin dans les salles et les jardins. On mesure la violence et la souffrance de ce séjour qui lui permettra pourtant de reprendre pied et de soigner cette maladie mentale, dont le seul nom peut faire peur : la schizophrénie.
On a souvent tendance à confondre la schizophrénie et le Trouble dissociatif de l’identité (TDI). Ce sont pourtant deux troubles mentaux très différents. La schizophrénie est une distorsion de la réalité, qui se manifestent de plusieurs façons très différentes : parmi les symptômes les plus fréquents, le patient entend des voix (gros travail là-dessus dans la pièce pour nous faire entendre le chaos qui s’empare de la tête), mais aussi une dissociation de la pensée, avec parfois des hallucinations -notamment auditives- et des délires, l’anxiété, la dépression, la confusion de la pensée et une mémoire déficiente. Le TDI se caractérise pour sa part par une amnésie récurrente et au moins deux états de personnalité. Mais dans les deux cas, les comportements, la pensée, la mémoire, les émotions et les relations avec les autres peuvent se retrouver altérées.
La part sombre, de Maï David et Gaëlle Héraut, mise en scène Gaëlle Héraut avec Maï David, au Théâtre de la Reine Blanche jusqu’au 9 octobre 2025.

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