L'Atelier politique

Geoffroy Didier : « L'instabilité politique pourrait durer jusqu'en 2027 »

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Alors que le gouvernement de François Bayrou s'apprête à affronter un vote de censure, Geoffroy Didier, président délégué de la région Île-de-France et vice-président des Républicains, se montre pessimiste sur la capacité de la France à sortir rapidement de l'instabilité politique actuelle. Il répond aux questions de Frédéric Rivière dans L’Atelier politique.

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Geoffroy Didier, président délégué de la région Île-de-France et vice-président des Républicains.
Geoffroy Didier, président délégué de la région Île-de-France et vice-président des Républicains. © RFI
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Une instabilité qui pourrait perdurer

« Malheureusement, je crains que cela dure jusqu'à 2027 », confie Geoffroy Didier lorsqu'on l'interroge sur la durée de l'instabilité politique française. Selon lui, jusqu'à l'élection présidentielle, « nous n'aurons pas la possibilité de réformer structurellement la France alors qu'il y a des urgences ».

L'élu républicain pointe du doigt l'explosion de la dette publique, rappelant que « pendant la durée de l'émission, la dette publique aura augmenté de 10 millions d'euros ». Il reconnaît le mérite de François Bayrou d'avoir sensibilisé l'opinion sur ce sujet, tout en soulignant le paradoxe : « Il a lui-même activement soutenu Emmanuel Macron, qui a fait exploser la dette de 1 200 milliards d'euros depuis 2017. »

Une critique des options budgétaires

Geoffroy Didier se montre particulièrement critique envers les choix budgétaires du gouvernement Bayrou. Il dénonce « ce fanatisme de l'impôt » et met en garde contre les augmentations fiscales : « On dit au départ que ce sont les plus riches, mais on sait très bien comment ça fonctionne : ce sont les plus riches qui partent et donc ce sont les classes moyennes qui trinquent. »

Sur la question des jours fériés, l'ancien député européen défend une approche différente : « Quand on travaille, on doit être gratifié pour ce travail. Donner l'impression que pour régler les problèmes de la France, il faut que ceux qui travaillent plus en gagnant moins, c'est une folie sociétale. »

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Face aux mobilisations sociales

Concernant la journée de mobilisation « Bloquons tout » prévue, Geoffroy Didier fait la distinction entre les revendications légitimes et leur récupération politique. « J'écoute les colères et je crois beaucoup à la démocratie sociale. En revanche, bloquer tout n'est pas un projet de société », explique-t-il.

Il pointe particulièrement du doigt Jean-Luc Mélenchon, qu'il qualifie d'« homme dangereux pour la France » : « Lui tente de combattre dans la rue avec la violence. Moi j'ai confiance dans les institutions et dans la démocratie. »

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Un délitement des valeurs inquiétant

Au-delà de la crise politique, c'est le délitement social qui préoccupe le plus l'élu francilien. « Ce que je crains, c'est qu'il n'y ait plus de cohésion entre chacun », confie-t-il, citant l'exemple des biens squattés où certains Français « se font justice eux-mêmes ».

« Aujourd'hui, on ne respecte même plus les personnes âgées. On est prêt à se battre dans la rue pour une place de parking », déplore-t-il, appelant à un « sursaut collectif de valeurs fondamentales ».

L'Europe : entre opportunités et dérives

Sur la scène européenne, Geoffroy Didier adopte une position nuancée. Ancien rapporteur de la première régulation mondiale des réseaux sociaux (Digital Services Act), il défend l'action européenne quand elle est efficace face aux géants du numérique.

Cependant, il critique vertement l'accord Mercosur : « ​​​​​​​Comment voulez-vous que les agriculteurs ne soient pas en colère quand on permet à des agriculteurs d'Amérique latine d'importer des produits qui ne respectent pas les normes que nous nous imposons ? »

Les défis géopolitiques

Face aux menaces internationales, l'élu républicain prône une Europe forte et armée. Concernant la Russie, il affirme que « Vladimir Poutine et les siens sont une menace effective », rappelant que « ​​​​​​​les bombes sont à 1 500 kilomètres de Strasbourg ».

Sur la Chine, il adopte une approche pragmatique : « ​​​​​​​Inscrivons-nous dans ce rapport de force, faisons-nous respecter, pas de manière ubuesque comme le fait Donald Trump, mais agissons en Europe pour devenir un acteur respecté. »

L'Allemagne et le réarmement européen

Concernant l'ambition allemande de disposer de « ​​​​​​​l'armée la plus puissante d'Europe », Geoffroy Didier se montre mesuré : « Je ne veux pas en vouloir aux Allemands de se réarmer parce qu'ils ont compris que le monde était devenu dangereux. » Il appelle plutôt la France à se réarmer également, « ​​​​​​​non pas pour créer un rapport de force avec l'Allemagne, mais pour se faire respecter ».

Un avenir collectif nécessaire

Malgré ce tableau sombre, l'élu refuse le fatalisme : « ​​​​​​​Je n'ai pas envie de me dire que la France se saborde parce que dans ce cas-là, je rends mon tablier. » Il mise sur une solution collective plutôt qu'individuelle : « L'ambition sera collective, elle ne sera pas seulement unipersonnelle. Il faudra une équipe de France et pas seulement un capitaine. »

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